Le Parti authenticité et modernité (PAM) va mal. En effet, cette formation politique est, depuis les élections législatives de 2016, au centre de l’actualité et au cœur des scandales politiques et polémiques. La dernière réunion du bureau politique du parti, tenue jeudi à Rabat, a revisité cet historique du Tracteur sur les plans politique, organisationnel et financier. Tout a été soulevé et déballé dans une atmosphère très tendue, poussant le secrétaire général du parti à claquer la porte, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end des 16 et 17 mars.
Lors de ladite réunion, trois courants se sont affrontés, mettant à nu les défaillances et les dysfonctionnements qui émaillent cette formation politique de l’opposition. A ce propos, les sources du quotidien ont fait savoir que Larbi El Mahrchi, bras droit du patron du Tracteur et certains membres du bureau politique ont demandé la suspension de «l’accord de 5 janvier». Cet accord, rappelle le quotidien, avait permis à Fatima Ezzhra Mansouri de rester aux commandes du conseil national du parti et à Ahmed Akhchichene d’obtenir le poste de secrétaire général adjoint ainsi qu’a Abdellatif Ouahbi de sceller une alliance avec Mohamed Hammouti qui a pris les commandes du conseil fédéral. C’est dire que la suspension de l’accord de «5 janvier» chamboulera tout cela.
En plus, la réunion du bureau politique a été marquée par une intervention inédite de l’ancien secrétaire général du PAM, Mohamed Cheikh Biadillah, qui a soulevé l’illégitimité des postes de secrétaire général adjoint et de président du conseil fédéral. Le sage du Tracteur a appelé à remettre le parti sur les rails de sa ligne éditoriale.
D’autres leaders du parti ont soulevé la question des finances. Ainsi, des interrogations ont été soulevées à propos du sort de la somme de 170 millions de dirhams que le parti avait réunie avant les élections législatives de 2016 et le montant de 40.5 millions de dirhams que l’ancien secrétaire général, Ilyas El Omari, avait lassé dans les caisses du parti pour financer la construction d’un nouveau siège pour le Tracteur. Ces montants auraient été dépensés dans des conditions opaques.
Ces accusations et autres échanges virulentes ont poussé Benchemmass à claquer la porte de la salle de réunion. «Il me semble qu'il vaut mieux que je démissionne», a-t-il lâché en quittant les lieux, font remarquer les sources du quotidien Al Massae dans son édition du même week-end. Mais le lendemain, il n’a pas déposé sa démission conformément à la réglementation en vigueur. De même, il a coupé l’écoute avec les leaders du parti, en refusant même de recevoir certains membres du bureau politique qui ont fait le déplacement vendredi chez lui dans une tentative de trouver une issue à cette crise.
Toutefois, Al Akhbar n’écarte pas une simple mise en scène orchestrée par Larbi El Mahrchi afin de brouiller les cartes. Cette hypothèse, selon Al Massae, a été implicitement véhiculée par les propos de Ouahbi, s’adressant à El Mahrchi: «Sous l’ère d’Ilyass El Omari, vous n’osiez même pas prendre la parole». Quoi qu’il en soit, le parti traverse une sérieuse crise qui remet en question sa ligne politique, son positionnement sur l’échiquier politique et son rôle dans l’opposition.