Le paysage politique est de nouveau agité par une succession de nominations controversées au sein du ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille. À peine la tempête soulevée par la désignation d’Insaf Charrat, collègue de parti, s’était-elle apaisée que la ministre Naima Ben Yahya en a provoqué une autre. Elle a en effet nommé Nawfal Amer, un autre cadre du PI, à la direction chargée des personnes en situation de handicap, rapporte Al Ahdath Al Maghribia en date de ce lundi 27 octobre,.
Cette décision, entérinée par le Conseil de gouvernement le jeudi 23 octobre, a valu à la ministre de vives critiques. Elle est accusée d’appliquer avec une fidélité excessive les directives de la direction de son parti en matière de nominations. Cette stratégie semblerait obéir à une course contre la montre pour rattraper un «temps perdu», en pourvoyant des postes de responsabilité de militants, et plus particulièrement des partisans de Nizar Baraka, le secrétaire général du PI.
Cette pratique contraste avec la posture de l’ancienne ministre istiqlalienne, Aaouatif Hayar, qui avait, elle, refusé de se plier à de telles pressions partisanes. La nomination d’Insaf Charrat à la tête du pôle femme est, en elle-même, un cas d’école. Elle semble en contradiction manifeste avec les critères exigés pour ce poste, au premier rang desquels figurent dix années d’expérience dans les domaines de l’insertion sociale et des droits des femmes.
Or, la nouvelle directrice n’a rejoint la fonction publique que récemment, après avoir réussi un concours au ministère du Commerce et de l’industrie en juin 2024. Sa qualité de membre du Conseil national de l’Istiqlal et de présidente de l’Organisation des filles de la renaissance, l’un des organes parallèles du parti, conforte la thèse d’une nomination politicienne. Ce sentiment est renforcé par son transfert depuis un ministère, celui de l’Industrie, également piloté par un membre de l’Istiqlal, Ryad Mezzour.
Ces manœuvres confirment les soupçons d’une distribution des postes centraux dans les secteurs gouvernementaux supervisés par l’Istiqlal, selon une logique de complaisance et d’alignement partisan.
Pour de nombreux observateurs, cette orientation ravive un débat fondamental sur l’indépendance institutionnelle du secteur social. Ce dernier, censé être préservé des loyautés politiques et des calculs électoraux, se trouve instrumentalisé à l’approche des échéances de 2026, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Il est paradoxal que ces nominations et autres recrutements dans les établissements du pôle social interviennent alors que les fonctionnaires attendent avec impatience des décisions concernant l’amélioration de leur situation, notamment la mise en œuvre d’un nouveau statut.








