Mais qu’est ce qui a pris au si prudent Saâd-Eddine El Othmani de mettre à la tête d’un organisme aussi stratégique que l’ANAPEC un responsable qui, apparemment, aurait été choisi sur la base de considérations partisanes plutôt que sur ses compétences? Pourtant, rappelle le journal Al Akhbar dans son édition du 5 septembre, Abdelmounime El Madani, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est dirigeant au sein du PJD et président de l’arrondissement de Yacoub Al Mansour, à Rabat. Alors, que lui reproche-t-on? D’abord le manque de transparence qui a entouré sa nomination, au mépris de l’article 10 de la loi organisant les nominations à la haute fonction publique, précise le journal. Cette idée aurait été soufflée à Saâd-Eddine El Othmani par Mohamed Yatim, ministre de l’Emploi, qui aurait proposé El Madani à ce poste dans une perspective électoraliste. Pour ce faire, on a appliqué un passage de la même loi qui permet de nommer un haut responsable à la tête d’une autre direction, en respectant les spécificités du poste. Toujours est-il que le concerné avait été “remercié”, il y a quelques mois, par Bassima Hakkaoui, ministre de la Famille et de la solidarité sociale, alors qu’il occupait le non moins stratégique poste de directeur de l’Entraide nationale. Et les raisons de ce renvoi restent obscures.Le tenace El Madani a, malgré tout, présenté une nouvelle fois sa candidature, lorsque la ministre a ouvert la compétition pour pourvoir ce poste vacant. Il s’est alors retrouvé face à sept autres candidats choisis sous la supervision d’une commission dirigée par la gouverneure Nadira El Guermai, chargée par le passé de l’INDH au ministère de l’Intérieur. Mais, à l’issue de l’épreuve, la commission a déclaré qu’aucun candidat n’avait été retenu, y compris le protégé de Mohamed Yatim.
D’après certaines sources, d’autres tentatives de réintégration auraient de même échoué. Ce qui, poursuit le journal, confirme le caractère discutable de la récente nomination de ce responsable du PJD, que la même Bassima Hakkaoui avait à maintes reprises refusé de réintégrer à son ancien poste à l’Entraide, malgré la pression soutenue de Benkirane en personne. Les sources du journal arabophone affirment que Mohamed Yatim aurait évoqué, au sein des instances dirigeantes de son parti, la nécessité de «s’emparer» du terrain laissé vacant par leur allié au gouvernement, le PPS (Parti du progrès et du socialisme), à savoir la citadelle de l’ANAPEC, précédemment sous la houlette d’Anas Doukkali, promu depuis ministre de la Santé. Avec un tel directeur, l’ANAPEC sera-t-elle entre de bonnes mains? Une question que le quotidien laisse en suspens.