Moulay Yacoub: après sa condamnation, le président du Conseil communal risque l’éviction

Via des appels d'offres publiés et réglementés, les commandes de l'État sont l’un de ses principaux canaux de relance et de stabilisation de l'économie territoriale.

Revue de presseAlors que plusieurs présidents de communes de la province ont été suspendus et renvoyés devant le tribunal administratif pour irrégularités financières et administratives, le président du Conseil provincial, Jaouad Douahi, visé par un rapport noir de l’inspection générale, échappe pour l’instant à toute procédure, suscitant des critiques et des inquiétudes sur l’application sélective des mesures de révocation. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 21/12/2025 à 19h05

C’est le quotidien Al Akhbar qui en fait part dans son édition de ce lundi 22 décembre. L’Inspection générale de l’administration territoriale du ministère de l’Intérieur avait recommandé l’activation de la procédure de révocation à l’encontre de Jaouad Douahi, président du Conseil provincial de Moulay Yacoub et membre du Rassemblement national des indépendants, sur la base d’un rapport noir établi par l’inspection. Cependant, le gouverneur de la province n’a pris aucune décision de suspension ni transmis le dossier à la justice administrative, alors qu’il a rapidement engagé la procédure contre d’autres présidents de communes et élus.

Selon Al Akhbar, le gouverneur a émis des décisions de suspension à l’encontre du président du Conseil communal de Moulay Yacoub, Yassine Cherkani, et de son premier adjoint, Youssef Baba, ainsi que de quatre autres membres du Conseil, avant de les présenter devant le tribunal administratif de Fès pour déclencher leur révocation, conformément à l’article 61 de la loi organique des collectivités locales, en raison d’actes illégaux portant préjudice aux intérêts de la commune. Précédemment, huit autres élus de deux communes de la province avaient été suspendus et leurs dossiers transmis au tribunal, qui a rendu des jugements de révocation à l’encontre de leaders locaux, dont le président de la commune de Meks Badr El-Oudi et quatre de ses adjoints, ainsi que le président de la commune de Sidi Daoud, Hamid Haoui, et deux de ses adjoints.

Cette situation alimente les inquiétudes sur une éventuelle sélectivité dans l’application des mesures de révocation au niveau provincial, notamment après l’exclusion de Jaouad Douahi, visé par un rapport noir de l’inspection générale des finances et de l’administration territoriale, mettant en évidence des irrégularités financières et administratives graves, a-t-on lu dans Al Akhbar.

Le rapport précisait que les fonds publics avaient été mal utilisés, avec des dossiers de blanchiment d’argent détourné examinés par le tribunal de première instance de Fès, qui a ordonné la confiscation des biens et avoirs des accusés, assortie de peines de prison avec sursis de deux ans et d’amendes de 50.000 dirhams. Les biens immobiliers acquis après le 3 mai 2007, date d’entrée en vigueur de la loi sur le blanchiment, ont été saisis au profit de l’État, de même que les fonds mobiles et les comptes bancaires des prévenus. La procédure a été reportée à une audience prévue le 30 décembre.

Un audit conjoint des inspections générales de l’administration territoriale et des finances avait révélé de multiples anomalies dans les opérations financières et comptables du Conseil provincial, dirigé par El-Douahi pour un second mandat. Les manquements concernaient notamment la gestion des appels d’offres, l’absence de procès-verbaux pour certains dossiers, l’annulation de demandes jugées illégales, et le défaut de notification aux participants des décisions prises. L’audit a également pointé l’acceptation d’offres non conformes aux critères techniques et des retards importants dans l’exécution de marchés publics, générant des coûts supplémentaires.

Les investigations ont mis à jour des manipulations dans l’attribution des commandes, avec un petit nombre de fournisseurs accaparant la majorité des contrats pour des fournitures de bureau, du matériel informatique, des travaux d’entretien des bâtiments administratifs, d’aménagements et de maintenance de sites publics, pour des montants atteignant plusieurs centaines de milliers de dirhams entre 2019 et 2022. Certaines entreprises, non spécialisées, ont été consultées pour des travaux spécifiques, impactant la concurrence, la qualité et le coût des prestations. Par ailleurs, le Conseil provincial ne conservait pas systématiquement les documents de base pour chaque marché, compromettant la transparence et la traçabilité des procédures.

Par La Rédaction
Le 21/12/2025 à 19h05