Moulay Hicham attend beaucoup de sa nouvelle recrue pour mettre à mal le régime marocain. Il a trouvé dans l’ex-champion de light contact un enragé, doublé d’un racketteur, qui joue son va-tout pour récupérer la somme astronomique de 4.9 millions d’euros qu’il a demandée à l’Etat marocain pour acheter un club de sport à Paris. Les deux hommes ont l’habitude de se voir en cachette. Quand Jeune Afrique a révélé leur rencontre le 26 juin dernier à l’hôtel Fouquet’s Barrière, à Paris, Zakaria Moumni s’est empressé de publier dans sa page facebook une explication surréaliste. L’intéressé parle de lui-même à la troisième personne du singulier:
Capture de la page Facebook de Zakaria Moumni
Cette version farfelue, à l’instar de tout ce que rapporte l’intéressé, a au moins un mérite: elle établit que Moulay Hicham et Zakaria Moumni se connaissent et se parlent. Moumni reconnaît avoir rencontré une fois Moulay Hicham. Et selon les sources de le360, ce n’est ni la première ni la dernière fois que les deux hommes ont des rendez-vous. L’ancien champion en toc reçoit des instructions de Moulay Hicham qui fait aujourd’hui figure de parrain mondial de ceux qui vilipendent et outragent le Maroc et ses institutions. La dernière sortie du champion du chantage dans sa page facebook participe du même esprit. Il y mentionne un lien en espagnol (on ignorait que l’ancien combattant dans des cages était polyglotte) d’un article publié par le site «publico.es» qui est revenu sur la décoration décernée par le gouvernement espagnol à Abdellatif Hammouchi, patron marocain du contre-espionnage, en signe de reconnaissance de la collaboration exemplaire entre les services des deux pays en matière de lutte contre le terrorisme. Moumni affirme que «le Ministère de l’Intérieur espagnol confirme que ce n’est pas le gouvernement qui a décoré Abdellatif Hammouchi, mais ses collègues de la police espagnole». La lettre ci-dessous confirme bien que c’est le ministère de l’Intérieur espagnol qui est à l’origine de la décoration de Abdellatif Hammouchi. Encore une preuve qui montre la vulnérabilité des arguments de la bande à Moulay Hicham.
Lettre du ministère d'intérieur Espagnol au directeur de la DGST
Parce que Moulay Hicham lance cette semaine la traduction espagnole de son livre “Journal d’un prince banni” rebaptisé à l’occasion avec une once de vérité “journal d’un prince exilé”. Il est vrai que les déplacements du prince au Maroc sont trop nombreux pour que son “bannissement“ puisse résister, ne serait-ce que l’ombre d’une seconde, à l’épreuve de la fréquence de ses séjours au Maroc. Le traducteur du livre est une vieille connaissance du prince, le journaliste défroqué d'El Pais, Ignacio Cembrero qui a trouvé en la personne de sa fille Elsa Maria Cembrero Bonet, âgée de 23 ans, un prête-nom pour garder un minimum de décence professionnelle et ne pas trop se griller auprès de son nouvel employeur .
Préoccupés par la promotion du livre du prince, ses deux agents en Espagne, Cembrero et Houssein Majdoubi, cherchent par tous les moyens à créer une actualité marocaine qui pourrait pousser les médias à s’intéresser au livre de Moulay Hicham. Chercher à mettre en avant une tête brûlée comme Zakaria Moumni et son récit ubuesque de tortures subies au Maroc pourrait enclencher une dynamique de critiques défavorables au Maroc et de nature à réparer l’échec cuisant du «journal d’un prince banni» dans son édition originale en français. Or, manque de pot pour la bande du prince, les relations entre l’Espagne et le Maroc ont rarement été aussi bonnes. La campagne espagnole de dénigrement contre le Maroc, qui entend faire du cas Zakaria Moumni sa carte maîtresse, a bien du mal à démarrer. Madrid multiple les gestes pour saluer l’excellence de ses relations avec Rabat. Par la voix de son ministre de l’Intérieur, le gouvernement espagnol a salué récemment «l’excellente coopération» de Rabat en matière de lutte antiterroriste. Lors d’un point de presse, tenu le 2 janvier à Madrid, Jorge Frenandez Diaz, ministre espagnol de l’Intérieur, s’est félicité du «niveau de coopération» entre les deux royaumes dans le combat contre le terrorisme et plus précisément contre la menace jihadiste, en qualifiant cette coopération d’«excellente». Par la même occasion, le haut responsable espagnol a exprimé la volonté de son pays de «maintenir une étroite coopération» avec le royaume du Maroc dans tous les domaines d’intérêt commun . Et il est bien à craindre pour les deux miliciens du prince en Espagne qu’ils ne puissent pas réussir à mettre le Maroc sur la sellette en vue de marketer le livre de leur patron.
La stratégie de Moulay Hicham consistant à transformer Zakaria Moumni en figure emblématique de la prétendue torture au Maroc a d’autres relais dans les médias. L’une des journalistes du prince dont la discrétion n’avait d’équivalent jusque-là que la férocité de son hostilité au Maroc s’appelle Aida Alami. Elle vient de produire un article confus qui mêle CIA, interrogatoires musclées et experts qui s’expriment hors sujet à seule fin de donner un écho au récit surréaliste de Zakaria Moumni. Pourquoi cette journaliste ne parle pas à un seul moment des deux agréments de grands taxis dont dispose Zakaria Moumni? Pourquoi ne parle-t-elle pas de la lettre adressée le 23 avril 2012 par Zakaria Moumni et son épouse à Mohand Laenser, alors ministre de l'Intérieur, pour réclamer la somme de 4.9 millions d’euros? Peut-être qu’elle nous expliquera dans un prochain article comment instrumentaliser la torture pour racketter un Etat…
Moulay Hicham et Zakaria Moumni ont surfé sur la vague des relations tendues entre le Maroc et la France. Zakaria Moumni, dont le cerveau a dû être bien ramolli par ses combats en cage, croit bien volontiers en l’impunité en France que lui promettent ceux qui l’encouragent dans son zèle contre le Maroc. Or, la polémique sur les défaillances des services de sécurité en France a poussé plusieurs voix à réclamer avec insistance de résorber la crise diplomatique avec le Maroc en relançant les accords de coopération judiciaire. Parmi les voix importantes qui ont appelé à reprendre la coopération sécuritaire avec le Maroc figurent Nicolas Sarkozy, l’ancien président de la France, Charles Pasqua, l’ancien ministre de l’Intérieur de la France, et Bernard Squarcini, ancien directeur de la DCRI (devenue la DGSI). Ces trois figures ont produit une analyse pertinente qui, de l’avis de plusieurs observateurs avertis, ne peut plus être bottée en touche par l’Elysée sans le risque d’ébranler l’unanimité nationale à laquelle a appelé Hollande depuis l’attentat de Charlie Hebdo. D’où la décision spontanée de dépêcher le plus tôt possible au Maroc Laurent Fabius qui, lors de sa récente intervention devant les sénateurs de son pays, s’est dit «déterminé à rétablir les relations de coopération judiciaire et policière, qui n’auraient dû jamais cesser de l’être». En clair, pour le chef du Quai d’Orsay: il n’est plus possible de continuer à louvoyer avec le Maroc qui est, a-t-il tenu à répéter, «l’ami de la France», en continuant à parrainer les assertions mensongères d’un quarteron de délinquants binationaux, au détriment de «l’obligation absolue» de veiller sur la sécurité des Français dans le contexte des attentats que connaît l’Hexagone.
La reprise de la coopération judiciaire entre les deux pays risque de porter un coup dur à la crédulité de Zakaria Moumni en l’impunité que lui promettent son parrain et quelques caciques du parti socialiste encore aveuglés par leur tropisme algérien. La place des escrocs est dans une maison d’arrêt. Zakaria Moumni y aura tout le temps pour raconter comment on lui a fait croire qu’il pouvait faire chanter un Etat.