Migration: ruée des hommes politiques marocains sur la nationalité espagnole

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Revue de presseKiosque360. Quatre élus au moins, dont un président de commune et un membre de la deuxième Chambre, ont pu obtenir la nationalité espagnole et continuent d’assumer leurs charges électives. Ils font régulièrement la navette entre Melillia, où ils résident, et Nador et Driouech.

Le 03/04/2016 à 20h23

Le préside de Melillia attire des émigrés d’un nouveau genre. Des élus locaux, et même des parlementaires et des présidents de communes, ont récemment élu domicile dans le préside pour pouvoir postuler à la nationalité espagnole, affirme le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 4 avril.

Certains d’entre eux ont déjà décroché le passeport et ont commencé à s’habituer à leur nouvelle situation en faisant régulièrement la navette entre leur nouveau lieu de résidence et les communes où ils ont été élus, le 4 septembre dernier. Le quotidien, qui cite un site d’information basé à Melillia, «El Faro Digital», parle de quatre cas concrets dont les noms ont été divulgués par la presse espagnole. Il s’agit d’un président de commune rurale, d’un membre du conseil communal de Béni-Nsar, près de Nador, ainsi que d’un nouveau membre et un ancien élu de la Chambre des conseillers, qui ont pu obtenir la nationalité espagnole grâce à ce stratagème. L’ancien conseiller, affirme la même source, projette de se présenter aux prochaines élections législatives du 7 octobre, mais n’a pas encore décidé sous quelle étiquette politique. Ce qui ne semble lui poser aucun problème.

Cela dit, et selon le politologue Mustapha Shimi, cité par Akhbar Al Yaoum, rien, dans la Constitution marocaine, se s’oppose à ce qu’un homme politique, même un élu, puisse détenir une double nationalité. «Ils ont le droit de demander et d’obtenir la nationalité d’un autre pays, que ce soit l’Espagne ou la France, ce n’est pas illégal», explique ce politologue. Le seul problème, ajoute-t-il, «est d’ordre éthique, car comment un élu du peuple, qui a été mandaté pour gérer les affaires publiques, peut-il se permettre de postuler à la nationalité d’un autre pays? Ce n’est pas permis du point de vue social et éthique».

Le quotidien Assabah, qui s’est également intéressé à la question, rapporte, dans son édition du lundi 4 avril, que le ministère de l’Intérieur envisagerait de radier tous ces élus qui disposent d’un titre de séjour à Melillia et d'un passeport espagnol. Selon Assabah, la question a été abordée lors de la récente visite du ministre de l’Intérieur en Espagne. Les élus concernés sont sommés de choisir entre leur nouvelle nationalité et les charges électives qu’ils occupent au Maroc.

En tant que résidents du préside, les élus en question ne font que passer la journée à Nador ou Driouech et rentrent, la nuit, chez eux, à Melillilia où ils disposent, en toute légalité, de comptes bancaires et envoient leurs enfants dans les écoles espagnoles. Ce qui fait dire à Assabah que la déchéance de leur mandat n’est qu’une question de temps, puisque tout porte à croire qu’il ne seraient pas prêts à renoncer à leur double nationalité.De plus, certains se trouvent même en infraction par rapport à la loi marocaine. Laquelle loi précise que les Marocains détenteurs d’une double nationalité peuvent être élus, certes, mais ne peuvent assumer la charge de président de commune ni celle d'adjoint.

Par Amyne Asmlal
Le 03/04/2016 à 20h23