Lors de sa première sortie devant le Parlement, le ministre de l’Economie et des finances, Mohamed Benchaâboun, a annoncé que l’économie nationale était confrontée à plusieurs contraintes dont, notamment, la hausse du prix du pétrole et le coût des chantiers sociaux urgents. Une conjoncture qui impactera les équilibres financiers, d’où la nécessité de prendre des mesures au niveau de la mobilisation des ressources, la rationalisation des dépenses et la mise en œuvre de mécanismes susceptibles d’atténuer le poids de ces charges sur le budget général, notamment au niveau des investissements.
Le ministre qui présentait, ce lundi, la loi de Finances 2019 (PLF 2019) devant les parlementaires, a indiqué que les prix du pétrole et du gaz avaient enregistré une forte hausse de 40% par rapport à l’année dernière. Le ministre affirme donc que les charges de la compensation vont augmenter de 5 milliards de dirhams par rapport aux prévisions. Et Benchaâboun d’ajouter que, si l’on prend en considération la réduction de la coopération extérieure, le déficit budgétaire de l’année 2018 augmentera pour atteindre 3,8%, contre un taux de 3% programmé dans la loi de Finances.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 24 octobre, que l’élaboration de la loi de Finances 2019 a tenu compte de ces contraintes liées, notamment, à la hausse du pétrole et du gaz. Les prévisions se sont donc basées sur un prix du gaz à 560 dollars la tonne pour évaluer les charges de compensation qui pourraient atteindre 18 milliards de dirhams, pour enregistrer une augmentation de 5 milliards de dirhams par rapport à 2018. Et le ministre d’expliquer que, à travers le PLF 2019, le gouvernement aspire à réaliser une croissance de 3,2%, tout en continuant à maîtriser l’inflation à raison de 2% et à limiter le déficit budgétaire à 3,3%. Ce qui fait dire à Mohamed Benchaâboun que «les fondements de l’économie nationale sont solides et qu’il faut les renforcer et redonner confiance au citoyen en lui garantissant des prestations sociales qui préservent sa dignité. Il faut aussi lui offrir un travail décent et un revenu convenable et permanent pour renforcer sa volonté et sa capacité de participer au développement de son pays».
Le ministre de l’Economie et des finances indique que le PLF 2019 accorde une importance particulière à la promotion de l’investissement privé et au soutien des entreprises, notamment des PME, pour les encourager à créer des emplois pour les jeunes. D’ailleurs, ajoute le ministre, le gouvernement continuera à soutenir l’investissement public, qui constitue un levier pour l’investissement privé, en lui consacrant un budget de 195 milliards de dirhams pour réaliser les stratégies sectorielles et les grands chantiers infrastructurels. Toujours selon cette perspective, ajoute le ministre, la priorité sera donnée au plan d’urgence pour l’industrie, afin de valoriser ses réalisations au niveau de la création d'opportunités d’emploi et la mobilisation des investissements étrangers.
Le ministre indique, par ailleurs, que le gouvernement veillera à consolider les progrès réalisés dans le secteur agricole, dans le cadre du Plan Maroc Vert. L’objectif est de créer plus d’opportunités d’emploi et de revenus, notamment en faveur des jeunes dans le monde rural, en facilitant aux investisseurs l’accès au foncier par la mobilisation des terres collectives. Une approche, enchaîne le ministre, qui permet à la fois la réalisation effective des projets d’investissement et l’arrêt du morcellement excessif des exploitations agricoles. Ce faisant, poursuit Benchaâboun, le gouvernement offrira un accompagnement technique et financier aux petits fellahs, tout en valorisant la production agricole et en développant les mécanismes de sa commercialisation, aussi bien en interne qu’en externe. Parallèlement à ces mesures, le ministre insiste sur les autres actions à entreprendre pour promouvoir l’investissement privé tout en poursuivant les réformes législatives, organisationnelles et institutionnelles. Des réformes qui, dit-il, tendent à améliorer le climat des affaires et à élaborer une nouvelle charte d’investissement susceptible d’améliorer l’attrait du Maroc face à la concurrence mondiale.
Le ministre annonce ainsi plusieurs mesures incitatives en faveur des entreprises, pour leur permettre d'investir davantage et de créer plus d’emplois. Ainsi, dit-il, il sera procédé à l’exonération totale de la TVA cumulée, depuis des années, par les entreprises privées et les entreprises publiques. Son montant a atteint 40 milliards de dirhams. Dans ce même ordre d’idée, le gouvernement compte réduire les délais de paiement pour les créances dues aux entreprises par l’Etat, les collectivités locales et les établissements publics. Parmi les autres mesures prises en faveur des PME par le gouvernement, le ministre cite, entre autres, l’amélioration de l’accès au crédit bancaire et la révision du taux de TVA, qui passera de 20% à 17,5%.
Le ministre de l’Economie et des finances conclut en insistant, encore une fois, sur la nécessité de consolider le contact avec le citoyen, de renforcer sa confiance dans les institutions de son pays et dans la volonté et la capacité du gouvernement à répondre à ses besoins. Mohammed Benhaâboun estime que les incitations fiscales, l’accès au foncier et l’amélioration du climat des affaires ne suffisent pas à redonner confiance aux investisseurs et aux opérateurs économiques, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Il faut en effet, affirme-t-il, qu’ils soient convaincus des opportunités que leur offre le Maroc par sa stabilité politique et sociale, ainsi que par la solidité de ses fondements économiques et les perspectives prometteuses de son futur modèle de développement.
Le quotidien Al Massae, qui traite le même sujet dans son édition du 24 octobre, s’est focalisé sur la hausse du prix du pétrole et du gaz et ses conséquences sur le budget de l’Etat, ainsi que sur les poches des contribuables. Un sujet qui a soulevé un vif débat au sein de la majorité, avant l’approbation du projet de loi de Finances. Les discussions se sont concentrées sur les mesures à prendre pour réduire le prix du pétrole à la pompe. Certains ont suggéré le plafonnement des prix, d’autres ont demandé l’abaissement des taxes sur les carburants, mais aucun accord n’a été trouvé sur ce sujet. Et pour cause. En réduisant les impôts sur les carburants, le gouvernement va voir ses recettes s’amenuiser. D’autre part, si les opérateurs du secteur plafonnent leurs prix, ils risquent de réduire leur marge bénéficiaire au cas où le prix du baril devait continuer à augmenter.