L'Istiqlal prononce son divorce avec le PJD dans Al Alam

Le360

Deux jours après l’élection de Habib El Malki, Al Alam, porte-voix officiel du PI, explique les dessous du vote blanc du PJD dans ce qui semble augurer d’une rupture définitive avec le PJD. Et le ton du journal est des plus durs. Eclairage.

Le 18/01/2017 à 14h24

Habib El Malki (USFP) a été élu lundi dernier à la présidence de la Chambre des représentants. Lors du vote, les élus PJDistes (125) avaient opté pour des bulletins blancs, suivis par les 12 députés du PPS, alors que le contingent des parlementaires du PI s'est carrément retiré de cette séance plénière.

Deux jours plus tard, dans son édition de ce mercredi 18 janvier, Al Alam, journal officiel du parti de la Balance que dirige Abdellah Bakkali (membre dirigeant très proche de Hamid Chabat), se fend d’un article en ouverture, pour revenir sur ce qui s’est passé le 16 janvier.

Sur un ton peu amène, Al Alam titre «Parce que la direction du PJD s’est comportée de manière cavalière et pour lever toute équivoque, le groupe istiqlalien s'est retiré de la séance dédiée à l’élection du président de la Chambre des représentants».

Dans le corps de l’article qui fait l’ouverture du journal du PI (et qui ne porte aucune signature), Al Alam affirme que l’Istiqlal a longtemps attendu la réponse de la direction du PJD concernant la candidature de Habib El Malki. «La direction istiqlalienne avait appris que le PJD allait présenter un candidat face à Habib El Malki et avait décidé d’appuyer ce choix», écrit Al Alam.

«Deux heures seulement avant la séance plénière, la direction du PJD a informé celle de l’Istiqlal de la décision du vote blanc et ce, selon la dérogation accordée à Abdelilah Benkirane par le secrétariat général», poursuit le journal.

Sur un ton encore plus véhément, Al Alam écrit que la direction du PI a refusé ce choix, autant sur la forme que sur le fond.

«Il s’agit d’une coordination politique et non de directives à appliquer dans un seul sens», écrit la publication.

L’Istiqlal en vient enfin à évoquer les craintes de sa direction quant à un éventuel «contrat politique du chef du gouvernement désigné pour sauver sa peau et former un gouvernement sans consistance». Et le journal d'ajouter dans ce qui sonne comme une rupture définitive: «la direction du PJD nous a lâchés et c'est pour cette raison que nous nous sommes retirés de la séance plénière et non pas pour ne pas voter pour El Malki».

Benkirane dos au murL’article d’Al Alam, de par la fermeté de son ton, a tout l’air d’une rupture avec Abdelilah Benkirane. Du coup, la promesse par le PI du soutien critique à l’éventuelle future majorité de Benkirane semble sinon caduque, du moins très fortement compromise.

Résultat: Abdelilah Benkirane ne pourra plus compter sur les 47 voix de l’Istiqlal au sein de la première chambre et, en toute logique, ne saurait former un cabinet adossé aux 125 élus que compte son parti en plus des 12 du PPS.

La solution? Abdelilah Benkirane n’aurait d’autre choix que de reconsidérer sa position, et accepter l’offre du RNI pour une solide majorité PJD-RNI-UC-USFP-PPS qui mettrait le futur gouvernement à l’abri des aléas des alliances composées et recomposées et les changements qui pourraient intervenir à la tête de quelques formations politiques dont justement l’Istiqlal et le sort d’un Hamid Chabat qui sera tranché au printemps prochain. Est-ce que Benkirane acceptera la majorité confortable proposée par Aziz Akhannouch? A-t-il encore une marge de négociation? En tout cas, l'article d'Al Alam semble le priver de la roue de secours qu'il a précieusement jusque là su garder à portée de main.

Par Mohammed Boudarham
Le 18/01/2017 à 14h24