L’éventualité d’un remaniement ministériel en avril prochain commence à susciter des remous au sein des organes des partis de la majorité. Certains ministres et secrétaires d’Etat ont commencé à faire campagne pour garder leur portefeuille, soit en mobilisant leurs partisans soit en organisant des banquets pour s’assurer du soutien de la direction du parti.
Les membres du Conseil national de l’USFP sont déjà à pied d’œuvre pour rassembler les deux tiers de signatures nécessaires à l’organisation d’une session extraordinaire du parlement socialiste. La pétition, largement diffusée dans les rangs des militants de l’USFP, demande à Habib El Malki d’organiser une session extraordinaire du conseil national du parti. L’ordre du jour, préétabli, comporte le retrait de l’USFP du gouvernement actuel et l’organisation d’un congrès extraordinaire pour l’élection d’un autre Premier secrétaire et d’une nouvelle direction. Une source du bureau politique de l’USFP estime que cette requête n’est qu’un moyen pour faire pression sur le premier secrétaire, Driss Lachgar, en prévision d’un remaniement. La même source précise que ceux qui ambitionnent d’avoir un poste ministériel font circuler cette requête à grande échelle afin de renforcer leurs positions en cas d’éventuelles négociations.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du lundi 11 mars, que simultanément avec cette campagne, la secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur a organisé un diner dans sa résidence de Rabat. Mais la plupart des membres du bureau politique ont boudé cette rencontre, ce qui a suscité l’ire de Driss Lachgar, qui s’est retiré avant la fin de cette réunion. Les mêmes sources n’excluent pas que cette initiative soit liée au remaniement ministériel susceptible de faire sauter les secrétaires d’Etat du gouvernement.
Une éventualité qui menace également la poursuite de la coordination entre le RNI et l’UC au sein de la chambre des représentants. En effet, des dirigeants du parti du cheval se sont retournés contre le secrétaire général, Mohamed Sajid, dans une tentative d’obtenir des postes ministériels. Samedi dernier, Driss Radi a organisé une réunion dans sa résidence à Kenitra, à laquelle ont participé tous les parlementaires et des membres du bureau politique de l’UC. Une réunion qui a été ponctuée par la décision de couper les ponts avec le RNI et de former un groupe parlementaire au sein de la chambre des représentants. Lequel groupe serait formé lors du renouvèlement des structures et des groupes de la chambre à la mi-mandat législatif qui coïncide avec l’ouverture de la session du printemps le vendredi 2 avril prochain. Certains dirigeants de l’UC ont commencé à préparer le putsch contre Sajid en appelant à l’organisation d’une session du comité administratif le 30 mars pour déterminer la date de la tenue du congrès national.
Une source de la direction du parti estime que ce branle-bas n’est qu’une manœuvre de certains dirigeants qui cherchent à assurer à leurs enfants des postes dans le cas d’un remaniement ministériel. A défaut d’un siège au gouvernement, ils visent à leur procurer des postes au parlement dans le cas de la constitution d’un groupe parlementaire avec les députés du Mouvement démocratique et social (MDS). L’UC, qui ne compte que 17 députés, ne peut constituer un groupe parlementaire qui puisse aspirer à une représentation au sein du bureau de la chambre des représentants ou de la présidence de l’une des commissions parlementaires.
Selon des sources de l’Exécutif, la crise qui ronge la coalition gouvernementale pourrait accélérer le remaniement ministériel pour début avril. D’autant que plusieurs lois organiques et des projets d’ordre stratégique sont bloqués au Parlement. Les mêmes sources n’excluent pas une réaffectation des portefeuilles ministériels et une réduction du nombre de secrétaires d’Etat à l’issue du remaniement. Car parmi les reproches faits au gouvernement El Othmani, figure la dispersion des secteurs ministériels sur un grand nombre de ministres et de secrétaires d’Etat. Une situation qui impacte leur efficience en raison du manque de coordination et de la lutte pour les prérogatives entre secrétaires d’Etat et ministres. Des conflits qui ont engendré une crise au sein du gouvernement qui compte 12 secrétaires d’Etat, dont la plupart sont devenus des «fantômes» sans prérogatives claires déterminant leur mission gouvernementale.