Les secrétaires généraux des walis et gouverneurs dans le collimateur de l’Intérieur

Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur. 

Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur.  . MAP

Revue de presseKiosque360. Après avoir sacrifié plusieurs agents d’autorité, indument suspendus ou traduits devant les conseils de discipline, nombre de secrétaires généraux de walis et gouverneurs sont aujourd’hui dans le viseur des inspecteurs du ministère de l’Intérieur. L’arroseur arrosé, en somme.

Le 25/02/2018 à 22h50

Après avoir écouté et présenté quelque 180 agents et auxiliaires d’autorité traduits devant son conseil de discipline, le ministère de l’Intérieur s’apprête à se retourner directement contre leurs accusateurs. En effet, ce sont des rapports «biaisés» de secrétaires généraux de walis et gouverneurs qui, apparemment, ont été derrière les turpitudes de ces agents d’autorité, dont nombreux sont de simples boucs émissaires.

Ainsi, le département de tutelle, rapporte le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 26 février, vient de mettre sur pied une commission centrale d’inspection chargée d’enquêter, auprès de plusieurs wilayas et provinces, sur ces rapports établis par les secrétaires généraux. C’est que plusieurs agents d’autorité, caïds ou chefs d’arrondissement incriminés par ces rapports ont à leur tour divulgué des informations mettant en cause les secrétaires généraux.

Assabah cite l’exemple du secrétaire général de Mohammedia que deux caïds et un chef d’arrondissement accusent, preuves à l’appui, d’avoir trempé dans des autorisations de constructions illégales, en collusion avec la mafia de l’habitat anarchique et insalubre, qui plus est construit sur des terrains appartenant à autrui et alimenté en électricité «industrielle».

Deux autres secrétaires généraux, dont le journal ne cite pas, cette fois-ci, le lieu où ils exercent, auraient, avec la complicité des chefs de service des affaires générales, transformé en lettres mortes plusieurs plaintes de citoyens adressées au wali ou gouverneur pour l’informer des dépassements dont ils ont été victimes de la part de certains auxiliaires d’autorités (Moqaddems et chioukhs).

La situation a atteint un degré de gravité tel, que certains gouverneurs et walis ont demandé au ministère de l’Intérieur de diligenter des missions d’inspection sur place, afin de dresser des rapports indépendants sur les dysfonctionnements signalés. C’est essentiellement dans les domaines de l’urbanisation et de l’électrification que les agents d’autorité sont incriminés, comme dans le cas d’un récent rapport issu d’une commission conjointe composée d’agents des Agences urbaines, de l’administration territoriale et du ministère de l’Urbanisme, qui a relevé pas moins de «15 points noirs urbanistiques».

Les nouvelles missions d’inspection du ministère de l’Intérieur ne lésineront sur aucun moyen car, en plus des témoignages et consultations des documents et dossiers sur place, des drones seront utilisés pour cartographier les habitats insalubres nouvellement construits en dehors, mais à proximité, des centres urbains déclarés «sans bidonvilles».

Assabah précise que, dans les périphéries de Fès, Meknès, Settat, Tanger, Tétouan, Al Hoceima, Agadir et en l’absence de toute autorisation légale, l’habitat anarchique pousse comme des champignons. Résultat de la lutte acharnée contre l’habitat insalubre: on est tout simplement passé de «villes sans bidonvilles» à des «bidonvilles sans ville».

Par Mohammed Ould Boah
Le 25/02/2018 à 22h50