Les camps du Polisario officiellement isolés par l’Algérie

Vue aérienne du camp de Tindouf.

Revue de presseAvec la création de deux nouveaux postes militaires dans les camps de Tindouf, l’Algérie a mis en œuvre un projet visant à encercler davantage les populations séquestrées. La construction d’une voie ferrée a été utilisée comme prétexte pour renforcer le contrôle des camps. Une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 19/01/2025 à 20h59

Le principal souci des populations des camps de Tindouf n’est plus la liberté de mouvement, une vie digne ou des conditions de vie humaines. Ces aspirations ont été reléguées au second plan. Désormais, leur principale préoccupation est liée à ce que l’on appelle «le nouveau plan sécuritaire algérien», qui les confine de facto dans une prison à ciel ouvert, écrit le quotidien Assabah dans son édition du lundi 20 janvier.

Dans une chronique publiée dans ce numéro, le quotidien souligne qu’alors que la présence de l’armée algérienne se limitait autrefois aux quatre issues des camps, ces derniers sont désormais entourés d’une barrière de sable équipée d’appareils de surveillance électronique à longue portée. «Pour compléter le dispositif, la police algérienne a renforcé sa présence en multipliant les rondes entre les camps, sous prétexte de protéger la voie ferrée qui doit passer entre les camps d’Aousserd et de Rabouni, en direction de Gara Djebilet», écrit le chroniqueur.

Cette situation a suscité un profond sentiment de frustration et de déception parmi les populations des camps. «Cette mesure marque un nouveau chapitre dans les restrictions imposées par l’Algérie, renforçant le siège qui pèse sur les camps», précise l’article.

En février de l’année dernière, rappelle Assabah, le président Tebboune et le chef de l’armée, Chengriha, avaient annoncé le lancement d’un projet de construction d’une voie ferrée reliant les mines de Gara Djebilet à la ville de Béchar, un tracé qui traverse naturellement les camps de Lahmada, notamment le long de la route goudronnée reliant Rabouni à Aousserd. Ce projet a conduit le secteur militaire de Tindouf à adopter une nouvelle carte de déploiement des forces armées et de la police militaire.

Ainsi, en plus des points de contrôle existants, deux nouveaux centres de surveillance ont été établis: le premier à trois kilomètres de Rabouni et le second en face d’un poste de contrôle du Polisario dans le camp d’Aousserd, détaille Assabah.

En d’autres termes, l’armée algérienne assiège désormais les camps de Tindouf et contrôle les mouvements à l’intérieur de ceux-ci. Ce contrôle lui permet d’arrêter n’importe quelle personne dans les camps, une prérogative qui relevait auparavant de la seule «police» du Polisario. «Ce déploiement montre que les responsables algériens ont perdu toute confiance en la capacité du Polisario à gérer et à contrôler les camps, qui sont devenus un refuge pour des groupes armés et des réseaux de trafiquants de drogue et d’armes», observe le chroniqueur.

Selon lui, «le passage du train à travers les camps n’était qu’un prétexte pour mettre en œuvre un projet sécuritaire algérien conçu par Chengriha dès 2016, alors qu’il était commandant de la troisième région militaire. Ce projet vise à renforcer le confinement des populations dans les camps, à contrôler les entrées et sorties, et à restreindre leurs mouvements pour maintenir les images de misère et de vieilles tentes».

Le plan, poursuit le chroniqueur, «a commencé par interdire aux résidents des camps de mener des activités commerciales susceptibles d’améliorer leurs conditions de vie. Ensuite, il a annulé les licences de transport de carburant vers la Mauritanie et supervisé l’installation de nouvelles bases militaires algériennes à l’est du camp de Smara, notamment dans le tristement célèbre centre d’Arrachid. Un centre de reconnaissance et d’écoute des téléphones des habitants y a également été créé. L’objectif est de maintenir les camps comme un réservoir humain servant les agendas algériens dans la région, en particulier le conflit avec le Maroc».

Selon Assabah, ces camps, dès leur création, ont été conçus pour servir les projets expansionnistes de l’Algérie dans la région du Sahel et du Sahara.

Par Amyne Asmlal
Le 19/01/2025 à 20h59