Le Parti de la Justice et du développement (PJD) accuse le ministère de l’Intérieur d’avoir dispersé quelque 13.000 de ses électeurs en les renvoyant vers des bureaux de vote outre que ceux où ils ont l’habitude de voter. C’est ce que rapporte Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce jeudi 6 octobre. Selon le journal qui cite la direction de la campagne électorale du PJD, de nombreux électeurs du parti islamiste se seraient vu rediriger vers des bureaux de vote dans des quartiers loin de leur lieu de résidence. Ils doivent donc parcourir plusieurs kilomètres pour aller voter.
Le journal arabophone cite l’exemple du bureau central situé à l’école Essalam, à Agdal où le PJD a pu recueillir 986 voix au cours des dernières élections du 4 septembre 2015 contre 219 votes pour le Parti Authenticité et modernité (PAM) et 274 pour la Fédération de la gauche démovratique (FGD). Ce bureau a été supprimé, et les électeurs qui avaient l’habitude d’y voter, soit 1.906 électeurs, ont été redirigés vers un autre centre sis au quartier des Orangers et un autre situé à Hay Ryad. C’est également le cas d’un autre bureau de vote, sis au collège Othman Ibn Affane, où le PJD a remporté 1.258 voix en 2015 qui a été annulé pour travaux. Ses électeurs ont été renvoyés pour 18% à Hay Ryad et 67% au quartier des Orangers.
Autre exemple, celui d’un bureau de vote situé à Yakoub El Mansour, considéré comme le fief électoral du PJD, avec 7.732 lecteurs, qui a été également fermé et ses électeurs ont été redirigés, en partie, vers Hay Al Fath. Et la publication d’affirmer que le point commun entre ces bureaux de vote est que le PJD y a enregistré un grand score lors des dernières élections locales et régionales de 2015.
Le ministère de l’Intérieur rejette toutes ces allégations. Ces bureaux de vote qui sont situés, il faut le dire, pour la plupart, sinon dans leur totalité, dans des établissements scolaires qui relèvent du ministère de l’Education nationale et non du ministère de l’Intérieur, ont effectivement été annulés. Mais, s’ils sont fermés, c’est parce qu’ils connaissent actuellement des travaux de rénovation ou d’entretien. Cela d’une part. D'autre part, il ne faut pas oublier que c’est le PJD, lui-même qui a fait campagne pour la réduction du nombre des bureaux de vote jugé, à ses yeux, excessif. Le parti islamiste a toujours soutenu que certains bureaux devraient être regroupés en un seul parce qu’ils connaissent une faible affluence. De même, avec un nombre réduit de bureaux, les gens qui vont s’y rendre, seront plus nombreux, ce qui donnerait une image positive de l’opération électorale et inciterait les électeurs à voter en masse.
Aujourd’hui que le ministère de l’Intérieur a décidé, pour des raisons techniques, de fermer quelques dizaines de bureaux, le PJD l’accuse de cibler son électorat. Cela, alors que la décision ne porte, en tout et pour tout, que sur 129 bureaux de vote à l’échelle nationale sur un total de plus de 40.000 bureaux. C’est pour dire que la portée de cette décision, somme toute minime puisqu’elle ne touche que 0,3% des bureaux de vote, a été très exagérée. Ceci, au point que le PJD accuse les autorités de vouloir décourager les électeurs et, par conséquent, influer négativement sur le taux de participation. Akhbar Al Yaoum assure même que le parti, en plus de faire campagne pour ses candidats, se charge également de renseigner ses électeurs sur leur lieu de vote.
Pour autant, le PJD semble oublier que le ministère de l’Intérieur a mis en place un système de messagerie gratuit qui renseigne les électeurs sur leur numéro et leur bureau de vote. Ces informations sont également disponibles sur demande sur le site internet dédié aux élections. Le ministère a même créé une application mobile pour cela et, pour les nostalgiques, les auxiliaires d’autorité se chargent de leur remettre un avis, en papier, qui comprend également tous ces renseignements.