Première réaction du premier ministre algérien à l’annonce du retour du Maroc au sein de l’Union africaine. «Le Maroc est le bienvenu dans cette organisation», a-t-il exhorté dans une déclaration ce jeudi en marge d’une activité parlementaire à Alger.
Qu’en est-il du préalable posé par le Maroc à ce retour, en l’occurrence l’expulsion de la «RASD» de l’Union africaine ? «Le retrait du front Polisario de l’Union africaine est impossible», a décrété le chef de l’Exécutif algérien.
Vous avez bien lu : «retrait du front Polisario» et non «retrait de la RASD» comme Alger avait coutume de présenter le mouvement au sein de l’UA, comme dans toutes les instances internationales.
Venant du chef de l’Exécutif algérien, la déclaration de Sellal, reprise littéralement par la presse algérienne, appelle tout au moins deux questions. L’Union africaine est-elle une organisation pour les Etats qui en ont les attributs reconnus universellement ou des fronts revendiquant la partition même de ces Etats censés être souverains ?
Il va de soi que la «RASD» admise en tant que telle en 1984 au sein de la défunte OUA (ancêtre de l’Union africaine), ce qui est en soi une flagrante aberration, n’a de «république» que le nom.
Une vérité que le premier ministre algérien, à moins d’une méprise sur le sens des mots, reconnaît de facto et du coup corrige une retentissante aberration contre laquelle le Maroc a protesté par son retrait de l’OUA en 1984.
Mais voilà, quand on connaît les boutades jusqu’ici commises par le premier ministre algérien, dont cette inénarrable perle «fakakir» (pluriel de fakir, pauvre !), l’on se rend vite compte de l’écart de sens. En effet, monsieur Sellal a utilisé le front Polisario là où il voulait utiliser le terme «RASD».
Mais là encore, cela poserait problème. De quel droit monsieur Sellal s’est-il permis de décréter cette impossibilité du retrait de la «RASD», -pardon du front Polisario !-, de l’Union africaine ? Que dira-t-il aux deux tiers des pays membres de l’UA qui ont adressé une motion au président en exercice de l’UA, Driss Déby Itno, en vue de l’expulsion de la «RASD» de toutes les activités de cette même organisation, et de tous ses organes ?
Peut-il arguer du fait que le statut de l’UA ne stipule le retrait des Etats membres qu’en cas de putsch ? Et que dire de ceux qui se sont décrétés chefs d’Etat ad aeternam ?
Ce statut n’a-t-il pas été taillé sur mesure pour assurer aux dictateurs une longévité à la tête du pouvoir au détriment de la démocratie et de leurs peuples respectifs ?
Par quelque bout que l’on peut envisager ce statut brandi par Alger, et ses partisans qui ne sont pas majoritaires au sein de l’UA, c’est un non-sens.
Une chose reste sûre : l’Union africaine a mal à la démocratie. A l’image d’Alger, qui croit pouvoir tout acheter. Le retour annoncé du Maroc au sein de l’UA a tout au moins le mérite de montrer la face hideuse de cette partie de l’Afrique encore habitée par les démoNcrates.
Vivement une nouvelle motion pour chasser les démons !