Une première réaction officielle exprimée par le Polisario, hier mercredi, neuf jours après la sortie du premier rapport du tout nouveau SG de l’ONU. La réaction a été relayée via sa soi-disant «agence de presse officielle», qui n’est autre qu’une succursale de sa consœur algérienne «APS». Passons sur le retard accusé par le Polisario qui a évidemment attendu les «instructions» d’Alger pour s’exprimer. Passons aussi sur les souhaits de bienvenue au SG de l’ONU et les formules de circonstance élaborées et débitées, dans le cadre de cette réaction officielle, par son représentant auprès de l’ONU, le dénommé Ahmed Boukhari.
Considérons ce que pense le Polisario du rapport du SG de l’ONU. «Le rapport de M. Guterres ne peut en aucun cas changer ou modifier la position de cette organisation (ONU) sur la question du Sahara occidental étant une question de décolonisation, dépendant du principe de l’autodétermination», a réagi le Polisario, via son «représentant à l’ONU».
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En appelant à réfléchir sur «la nature et de la forme de l’autodétermination», dans son rapport soumis à l’approbation du Conseil de sécurité, le SG de l’ONU a en effet mis le doigt sur le point axial pour arriver à une solution au conflit du Sahara. Antonio Guterres a laissé entendre que le concept d’autodétermination, couvre plusieurs acceptions et non pas le referendum qui conduit à l’indépendance comme le martèlent le Polisario et son tuteur algérien. Si la polysémie voulue par le SG de l’ONU à l’autodétermination irrite le Polisario, c’est parce qu’elle couvre justement des voies réalistes et irréfutables. Le rapport du SG de l’Onu sur le conflit du Sahara «ne peut en aucun cas modifier le statut juridique de cette question de décolonisation», s’écrie Ahmed Boukhari.
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Son cri, qui participe davantage d’une démagogie héritée de la guerre froide que de la réalité historique et sociale du Sahara occidental, sonne comme le râle d’un mauvais perdant à la fin d’une partie. Le SG de l’ONU risque de changer les règles d’un jeu dans lequel se sont complus depuis plus de quarante ans le Polisario et Alger. Et les nouvelles règles vont rendre caduc ce champ lexical que sert Alger et ses relais dans toutes les rencontres internationales : «décolonisation », «dernière colonie en Afrique»…
Désarçonné par l’appel pour une redéfinition du concept d’autodétermination, le Polisario grille, dans un autre passage, la politesse au SG de l’ONU en l’accusant «d’excès de prudence» et d’avoir «exclu du rapport des questions incontestables et bien connues». «Ce n’est pas la meilleure façon de faire face à l’obstruction continue par le Maroc», a-t-il estimé, oubliant, à l’insu de son gré, les formules de politesse qu’il a proférées au préalable.
Mieux. Pour avoir un indicateur de l’excès de désarroi qu’a fait naître le rapport de M. Guterres à Alger comme à Tindouf, il n’y a qu’à lire entre les lignes dans ce reproche qui se veut paternaliste. Ahmed Boukhari affirme que «les pressions exercées sur le nouveau SG de l’Onu» expliqueraient la teneur défavorable du rapport. Ou Boukhari et ses instructeurs sont bien naïfs ou ils ignorent qu’Antonio Guterres connaît beaucoup mieux le dossier du Sahara que ses prédécesseurs. En sa qualité d’ancien Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, il a eu à traiter de l’intérieur le dossier du Sahara. Et compte tenu de la nature des réformes qu’il veut engager à l’ONU, le moins qu’on puisse dire est qu’Antonio Guterres n’est pas homme à se laisser intimider par les pressions