Qui dirige le PJD et la présidence du gouvernement depuis 2017 jusqu’au jour d’aujourd’hui? C’est la question que se posent beaucoup d’observateurs politiques en constatant la dichotomie qui caractérise le discours des islamistes. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du week-end (27 et 28 mars), que ce double langage consacre la cacophonie, la violation de la constitution, l’atteinte à la crédibilité de l’institution de la primature ainsi qu’à celle du Parlement. C’est ainsi que l’ancien patron du parti et ex-chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui n’arrive toujours pas à digérer son éviction de ces deux postes, ne cesse de s’immiscer dans les affaires du parti et de l’Exécutif.
L’homme, qui se considère comme le maitre des horloges auquel les militants doivent obéir, n’hésite pas à fourrer son nez partout pour entraver l’adoption des projets de loi. Quand il est contrarié, il menace de rompre avec les ministres de son parti et de transformer son compte Facebook en une plateforme d’où il tire à boulets rouges sur ces amis les plus proches en usant de mots blessants jusqu’à les accuser de traitrise. C’est ainsi qu’il a piétiné les règlements du secrétariat général en divisant ses membres en deux clans, entre ceux qui l’approuvent dans sa position de rejeter la loi sur la légalisation du cannabis et ceux qui la voteront.
Le quotidien Assabah rapporte que Benkirane a dépassé les limites de la convenance en accusant la présidence du gouvernement d’avoir adopté la loi sur l’usage légal du cannabis à l’encontre de sa volonté. Du coup, le bouillonnant tribun met actuellement la pression sur les parlementaires de son parti pour voter contre cette loi. Autant dire que depuis son éviction de la tête du PJD et du gouvernement, Benkirane s’est converti en opposant qui harangue ses partisans pour contrecarrer toute décision du parti et de l’Exécutif.
C’est ainsi qu’il s’en est pris à Saâd-Eddine El Othmani quand le Conseil du gouvernement avait adopté la loi-cadre sur l’enseignement. Il avait mené, alors, une guerre contre les dirigeants et les parlementaires du parti pour que cette loi soit bloquée. Benkirane s’était opposé à l’enseignement des matières scientifiques en langues étrangères en affirmant que cette loi est infructueuse alors qu’il avait envoyé son fils en France pour terminer ses études.
L’ex-patron du PJD s’était distingué, encore, quand il avait fustigé de tous les maux les ministres de son parti qui s’étaient dits prêts à échanger des visites avec leurs homologues israéliens après l’accord tripartite Maroc-USA-Israël. Autant dire que l’ex-chef du gouvernement n’a pas suivi l’exemple de ses prédécesseurs, en l’occurrence Abderrahmane El Youssoufi et Abbas El Fassi. Les deux ex-premiers ministres avaient respecté le devoir de réserve depuis qu’ils avaient quitté le siège de la primature et les directions de l’USFP et l’Istiqlal. Les deux hommes se sont éclipsés de la scène politique et on ne les a revus que lorsqu’ils étaient invités lors des occasions à caractère national.