"C’est entre deux appels au président Bouteflika à exercer un cinquième mandat sur un fauteuil roulant, après près de vingt ans de lente et régulière stagnation puis dépérissement de l’économie nationale, après s’être si longtemps isolé du monde qui l’entoure, que le Néandertal algérien est sorti de sa grotte pour, dit-il, s’ouvrir sur l’Afrique", écrit le journal algérien.
Dans un article qui commente "l'influence que le Maroc étend dans le continent africain à une vitesse impressionnante", Le Matin d'Algérie souligne que les pouvoirs publics algériens veulent concurrencer le royaume sans en avoir les moyens.
"Comment séduire les Africains, à la recherche de modernité, quand on ne possède même pas l’e-payement, que les trains comme les avions n’arrivent jamais à l’heure et qu’un président malade pense déjà à un cinquième mandat?", s'interroge le journal, notant que le pays n'a pas de quoi honorer un partenariat avec l’Afrique.
Et d'ajouter que cela n'est pas possible avec "une industrie qu’on n’a plus, avec une production nationale hors-hydrocarbures quasi-nulle, avec des investisseurs nationaux réduits à l’immobilisme et avec un si grand retard sur le monde et sur les formes modernes de gestion et de gouvernance".
Le journal algérien estime qu'il "serait miraculeux qu’un régime qui a réussi la gageure d’appauvrir sa population après 15 ans de rentrées financières exceptionnelles, qui n’a pas fait progresser d’un iota l’économie hors-hydrocarbures durant tout ce temps-là, un pouvoir qui a dilapidé 800 milliards de dollars sans édifier une seule usine, soit un modèle pour les nations africaines".
Ironisant sur les propos du chef de la diplomatie algérienne qui a affirmé que l’Algérie est le plus grand pays africain et arabe, Le Matin d'Algérie se demande dans quel domaine, notant que pour aller vers l'Afrique, l'Algérie doit avoir des choses à lui proposer comme par exemple "un projet à partager, des banques et des entreprises modernes, une diplomatie novatrice, une vision, un plan d’action, une patiente stratégie de rapprochement. Tout ce que l’Algérie de Bouteflika n’a pas". Et d'ajouter que l'"on ne sort pas indemne de 17 années de politique archaïque, de domination autocratique, de démantèlement de L’État".
Le journal souligne que "l’Algérie, aujourd’hui, après quatre mandats du clan Bouteflika, est un pays sans influence, sans ambition, sans envergure". "L’Algérie n’est non seulement pas considérée comme le plus grand État africain, mais, pour beaucoup, pas considérée du tout, inconnue, une vague contrée au nord, où il y a la mer et du pétrole".
Et le journal algérien de conclure que "M. Lamamra (NDLR: ministre des Affaires étrangères), pour mettre les pieds en Afrique, n’a, sans doute ni banques performantes ni entreprises fortes, mais il dispose d’un accessoire approprié: de gros sabots".