En participant mardi à la réunion de Bamako, le Maroc s'est rangé comme à l'accoutumée du côté des pays du Sahel, dont le Mali, pour mettre au point une stratégie de développement démocratique et économique dans une région qui a trop souffert de la pauvreté, la misère, les maladies et les conflits. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, a représenté le Maroc à cette réunion ministérielle convoquée par l'ONU dans le cadre d'une "stratégie intégrée". Cette première rencontre s'est fixée pour objectif de "guider" les efforts onusiens pour "apporter une aide collective aux pays du Sahel". Le Maroc abritera d'ailleurs le 14 novembre prochain une Conférence régionale pour le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb.
"Le Maroc est devenu un allié incontournable dans la région. Aux côtés de la France, le royaume oeuvre pour la pacification du Mali", a déclaré à Le360 le professeur Manar Slimi, politologue et spécialiste des relations africaines. "Grâce à la lutte qu'il mène contre le terrorisme et à ses contributions en matière de développement économique en Afrique, le royaume a réalisé un acquis géostratégique dans la région sahélo-saharienne. Cette présence fait de lui un interlocuteur crédible et respecté pour un dialogue renforcé avec l'Europe et les Etats-Unis", a-t-il souligné. Cet acquis du Maroc dans la région, a-t-il encore déclaré, "a été l'une des causes qui a poussé l'Algérie à s'attaquer récemment au Maroc via notamment les déclarations provocantes du président algérien à l'égard de l'intégrité territoriale du royaume". Selon cet expert, "Alger a compris qu'elle a été punie suite aux problèmes liés à sa position arrogante à l'égard du nord du Mali quand ce pays était confronté à des bandes de terroristes", a souligné Slimi. Selon lui, le Maroc est en mesure d'apporter "des aides non négligeables aux pays africains les moins avancés".
L'expertise marocaine est en effet très demandée en matière notamment de formation religieuse -pour contrer l'extrémisme-, d'infrastructures, de services bancaires ainsi que dans les secteurs de l'agriculture et des mines, notent les observateurs. Le politologue Tajeddine Housseini estime de même que les pays du Sahel peuvent compter sur le Maroc. Il restera un modèle en Afrique bien qu'il ait quitté l'OUA en 1982, a affirmé ce chercheur universitaire. "Le Maroc avec l'Afrique est même en situation confortable en dehors de cette instance", a-t-il ajouté. Le royaume peut aider le Mali dans la "mise en place de la régionalisation dans ses régions du nord. Le plan d'autonomie proposé par le Maroc pour les provinces du sud est jugé crédible par la communauté internationale", a souligné Houssein.
Le Maroc attaché à la coopération Sud-Sud
Lors de sa récente visite au Mali, rappelle-t-on, le roi Mohammed VI a déclaré à Bamako que le Maroc reste attaché à la coopération Sud-Sud. "Le Maroc ne ménagera aucun effort pour accompagner le Mali, pays frère et voisin, dans les secteurs socio- économiques que votre pays estimera prioritaires. Il apportera son appui aux programmes maliens de développement humain, notamment en matière de formation des cadres, d'infrastructures de base et de santé", avait souligné le souverain. "Dans cette importante mission de reconstruction, tous les pays africains frères ont un rôle essentiel à remplir", a ajouté le roi du Maroc, avant d'observer que, "malheureusement et en dépit de ces enjeux, certains Etats et parties s'emploient à détruire, au moment où d'autres choisissent de construire".
"L'Algérie et son bras du polisario sont avertis. Ils ne peuvent plus brouiller les cartes du Maroc avec son frère du Mali", affirme un diplomate africain en poste à Rabat. La première rencontre ministérielle de Bamako a regroupé notamment des représentants de pays de la région ainsi que le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi. Des bailleurs de fonds, les présidents de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, ainsi que le commissaire au développement de l'Union européenne, ont participé à cette première rencontre ministérielle destinée à assurer une aide collective aux pays de la région sahélo-saharienne.