Chaque fois que l’Algérie abrite une rencontre régionale, de quelque ordre qu’elle soit, se posent les modalités de la participation du Royaume du Maroc, un pays voisin avec lequel le régime algérien a rompu unilatéralement les relations diplomatiques le 24 août 2021, fermé son espace aérien le 23 septembre suivant, avant de fermer le Gazoduc Maghreb-Europe une semaine plus tard, soit le 1er novembre de la même année.
Cette question se pose à nouveau à quelque deux semaines du coup d’envoi du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) des équipes nationales des joueurs locaux, prévu en Algérie du 13 janvier au 4 février 2023, et auquel participent 18 pays, dont le Maroc.
Détenteur des deux derniers trophées de cette compétition, et actuellement en confortable position de force après la récente épopée des Lions de l’Atlas à la Coupe du monde 2022 au Qatar, le Maroc, classé aujourd’hui première nation footballistique africaine et 11e sur le plan mondial, est bel et bien en mesure d’exiger que soient remplies les conditions minimales d’accueil, celles optimales n’existant de toute façon pas en Algérie, pour que ses représentants prennent part au CHAN 2023.
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Réuni mardi 27 décembre à Rabat, le comité directeur de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a posé ses conditions. Il a ainsi exigé que les Lionceaux de l’Atlas (les moins de 23 ans ayant suppléé les joueurs locaux) et la délégation qui les accompagne rallient Constantine, ville qui accueille la poule dans laquelle évolue le Maroc, à bord d’un vol direct de Royal Air Maroc (RAM), le transporteur officiel des équipes nationales marocaines. A défaut de l’acceptation de cette condition sine qua non, mais légitime, point de participation marocaine au CHAN algérien.
Le Maroc n’est pas au demeurant le seul pays qui menace de boycotter l’événement sportif abrité par l’Algérie. Le Cameroun vient lui aussi de faire allusion à un boycott du CHAN 2023, de crainte de la vindicte à son égard, alimentée à profusion par la propagande de la junte algérienne qui n’a jamais digéré la non-participation des Fennecs au Mondial du Qatar suite à leur élimination in extremis par les Camerounais.
La décision ferme de la FRMF a le mérite de mettre encore une fois à nu les contraintes dans lesquelles la junte s’est engluée en rompant ses relations avec le Maroc et en fermant son espace aérien aux avions marocains. La junte s’est ainsi piégée, comme l’ont déjà montré le sommet de la Ligue des Etats arabes et les multiples entorses faites par cette même junte à sa propre décision.
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En effet, malgré cette rupture totale entre les deux pays voisins, le régime algérien a envoyé un émissaire qui a remis au chef de la diplomatie marocaine une lettre d’invitation au sommet de la Ligue, adressée par le président algérien au roi du Maroc. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, s’est rendu à Alger à bord d’un avion marocain qui a obtenu l'autorisation de violer la décision prise par la junte d’interdire le ciel algérien aux aéronefs immatriculés au Royaume. Mieux, dans toutes les réunions auxquelles elle a participé, la délégation marocaine a été accueillie par des officiels algériens.
Mais si le régime algérien a tout fait pour envenimer davantage ses relations bilatérales avec le Maroc, et tenté ainsi de l’écarter de certaines rencontres en vue de l’isoler diplomatiquement, ce même régime a été finalement acculé à multiplier les entorses à ses propres décisions. Des questions se posent dès lors: l’appareil militaro-politique qui détient le pouvoir en Algérie n’a-t-il pas suffisamment réfléchi les décisions hostiles au Maroc? La réaction épidermique, qui est la marque patente du régime algérien, l’a-t-elle encore une fois emporté sur la décision bien mesurée? Les concessions à la pelle que fait le régime algérien à ses oukases ne sont-elles pas autant d’humiliations qui mettent au grand jour l’incapacité d’un pouvoir à se projeter sur l’avenir?
En tout état de cause, les conditions posées par la FRMF sonnent comme une énième couleuvre que le régime algérien n’aura d’autres choix que d’avaler. Les conditions de la FRMF sont légitimes, sensées et répondent aux recommandations de la Fédération internationale de football association (FIFA) et de la Confédération africaine de football (CAF). Il paraît dès lors quasi certain que le régime algérien va accepter l’affront de voir un avion de la RAM survoler son espace aérien et atterrir à l’aéroport de Constantine. Une humiliation qu’il ne pourra pas éviter sans engager vers un échec certain l’événement sportif qu’il compte organiser et devenir un paria auprès de toutes les instances sportives internationales.