Mohamed Badine El Yattioui, professeur d’études stratégiques au Collège de défense nationale des Émirats arabes unis (EAU), dissèque pour Le360 cette énième et néanmoins scandaleuse tentative de politiser une simple rencontre footballistique à laquelle les dirigeants algériens se sont honteusement livrés ce weekend. De son avis, il ne fait aucun doute qu’il existe «un aspect évidemment politique et idéologique derrière ce qui s’est passé».
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«On a vu, du côté des autorités algériennes, une véritable hystérie, puisque le maillot comportant la carte complète du Maroc les a fait entrer dans une forme de folie. Il faut utiliser le terme», souligne-t-il.
«En plus de cela, la décision de la CAF d’autoriser le club de Berkane de jouer avec ces maillots et le rejet de l’appel confirmant la première décision de la CAF, leur demandant de rendre les maillots, qui n’ont pas été suivis d’actions par l’État algérien, prouvent que la décision de départ était d’empêcher le club de Berkane de jouer avec ses maillots et que cette décision ne peut provenir que du plus haut sommet de l’Algérie. Il y a, sans aucun doute possible, une volonté de politiser cette rencontre sportive, et ces enjeux sont à la fois liés à la politique intérieure et vis-à-vis de la société algérienne», analyse le politologue.
Cette volonté de s’en prendre par tous les moyens à la marocanité du Sahara, que le régime en place ne peut plus cacher, peut se résumer à deux principales techniques, souligne El Yattioui. La politique extérieure doit servir celle adressée au peuple algérien, à l’intérieur. Ce qui s’est passé à Alger, dit-il, «démontre que l’usage fait du conflit artificiel autour du Sahara marocain est diplomatique, c’est-à-dire qu’il cherche à nuire à l’intégrité territoriale du Maroc dans des instances régionales (Union africaine) ou internationales (Nations unies)». Or ces activités à l’extérieur du pays sont les catalyseurs, et le moteur à combustion, de la «politique intérieure afin de liguer une grande partie de la société algérienne contre le Maroc et son intégrité territoriale».
«Ce genre de réaction, qui n’est pas la première et qui, malheureusement, ne sera pas la dernière, prouve que le régime algérien fait du Sahara marocain une véritable question identitaire. Parmi les choses qui l’identifient, il y a cette hostilité au Maroc et cette volonté de porter atteinte à son intégrité territoriale», explique notre interlocuteur.
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Quant à la vieille rengaine, longtemps ressassée par la junte algérienne, selon laquelle l’Algérie n’est pas un protagoniste du conflit du Sahara, Mohamed Badine El Yattioui est catégorique: «Le discours diplomatique officiel tenu par l’Algérie, selon lequel elle n’est pas partie prenante du conflit, et son refus de participer aux tables rondes comme cela a été fait jusqu’en 2019, trahissent la contradiction de la posture biaisée, et démontrent qu’elle est bel et bien partie prenante. Les résolutions du Conseil de sécurité les mentionnent régulièrement. Le Polisario, qui est une création de Kadhafi et de Boumédiène, ne pourrait pas survivre sans le soutien logistique, financier, diplomatique, politique et militaire du régime algérien».