Le CNDH appelle à l’abrogation de la peine de mort dans le prochain code pénal

Le CNDH a célébré, le 10 octobre à Rabat, la Journée internationale pour l’abolition de la peine de mort (Y.Mennan/Le360).

Le 10/10/2025 à 14h21

VidéoLe Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a célébré, vendredi 10 octobre à Rabat, la 23ème Journée internationale pour l’abolition de la peine de mort. À cette occasion, l’institution a réaffirmé son espoir de voir la prochaine réforme du code pénal consacrer l’abrogation définitive de cette condamnation jugée contraire au droit à la vie.

Devant une assistance nombreuse, composée notamment de défenseurs des droits humains venus de l’étranger, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a rappelé qu’en décembre 2024, le Maroc avait voté en faveur du moratoire sur la peine de mort lors de l’Assemblée générale de l’ONU. Une position saluée par plusieurs personnalités nationales et internationales, dont l’ambassadeur de l’Union européenne à Rabat, Dimiter Tzantchev.

Amina Bouayach a saisi cette occasion pour inviter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, à procéder à l’amendement du code pénal afin d’abroger définitivement la peine capitale. Elle a souligné que le Royaume demeure «abolitionniste de fait», puisqu’aucune exécution n’a été enregistrée depuis 1992.

Prenant la parole à son tour, Loubna Benseghir, membre du Réseau parlementaire contre la peine de mort, a mis en lumière l’impact de cette sentence extrême, dont les répercussions ne se limitent pas au condamné, mais affectent l’ensemble de la société.

La 23ème édition de la Journée mondiale contre la peine de mort, célébrée au siège du CNDH à Rabat et coïncidant comme chaque année avec le 10 octobre, a également donné lieu à l’intervention de Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de la Coalition mondiale contre la peine de mort. Celui-ci a insisté sur la portée de cette journée, qui «unifie le mouvement abolitionniste mondial et mobilise la société civile, les responsables politiques et l’opinion publique en faveur de l’abolition universelle de la peine capitale».

Tout en félicitant le Maroc pour «les avancées significatives vers l’abolition», Raphaël Chenuil-Hazan a invité le Royaume à franchir une nouvelle étape en ratifiant le deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, lequel consacre l’interdiction de la peine de mort. Cette journée, a-t-il rappelé, est également dédiée à la lutte «contre la conception erronée selon laquelle la peine de mort serait garante de sécurité pour les individus et les communautés».

Dans le même esprit, Abderrahim Jamai, président de l’Observatoire marocain des prisons, a appelé les pouvoirs publics à agir rapidement pour abolir ce qu’il a qualifié d’«acte abominable, contraire au droit à la vie». Il a par ailleurs indiqué qu’environ 60 condamnés à mort croupissent encore dans les prisons marocaines, dont une vingtaine pour des affaires liées au terrorisme.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mennan
Le 10/10/2025 à 14h21