Le BRICS-à-brac de la diplomatie algérienne

Rachid Achachi.

ChroniqueAu moment même où le Maroc renforce sa souveraineté et son poids géopolitique régional, grâce notamment à une nouvelle reconnaissance de sa souveraineté pleine et entière sur son Sahara par Israël, Alger tente dans le silence, d’enterrer le refus implicite de sa candidature pour rejoindre le club des BRICS.

Le 22/07/2023 à 12h20

La récente et humiliante visite de Tebboune en Russie n’aura donc pas servi à grand-chose, sinon à provoquer l’ire des nationalistes algériens, qui voient dans les propos tenus par leur président à Moscou un schéma de soumission inacceptable et surtout stérile diplomatiquement.

S’étant ainsi mis à dos une partie de l’Occident et le Maroc, sans pour autant avoir été capable de rejoindre le camp alternatif (les BRICS), Alger continue obstinément à s’enfoncer dans son enclavement diplomatique à coup de provocations et surenchères diplomatiques.

Une diplomatie de boutiquier, dénuée de toute vision stratégique et surtout, de tout réalisme.

Même l’Iran qui, ces dernières années, s’est grandement rapproché du régime algérien, commence à rétropédaler à travers une normalisation des relations diplomatiques avec Riyad, et des tentatives de relance du dialogue diplomatique avec le Maroc.

Car objectivement, soit loin de tout prisme idéologique, pour des pays comme le Maroc et l’Algérie, il ne devrait aucunement être question de choisir un camp contre l’autre. L’impératif aujourd’hui dans un contexte de début de multipolarisation, c’est d’entamer une diversification stratégique tout en soutenant une dynamique de consolidation régionale. Le Maroc l’a compris, l’Arabie saoudite et l’Iran aussi, l’Algérie semble choisir le chemin opposé, à savoir la division régionale et l’enclavement diplomatique.

Car l’ère du «réalisme périphérique», qui consiste à s’adosser à l’hégémon du moment pour se développer économiquement tout en mettant entre parenthèses sa politique extérieure est désormais révolue.

La nouvelle donne mondiale offre désormais des possibilités d’arbitrage uniques qu’il s’agit d’exploiter au maximum. C’est ce que les Grecs appellent le «Kaïros», à savoir un moment unique qui se présente avec une infinité de potentialités, et qui ne risque pas se représenter de sitôt.

Ainsi, choisir un camp, c’est non seulement se priver de cette marge de manœuvre diplomatique et économique, mais c’est surtout sacrifier sa souveraineté sur l’autel des calculs et intérêts du moment, à travers un ancrage et un tropisme unique au profit d’un seul pôle.

Car au fond, par-delà les discours théoriques, la souveraineté est avant tout une marge de manœuvre et une capacité d’arbitrage.

Aujourd’hui, les points d’appui pour le renforcement de cette marge d’autonomie stratégique sont nombreux. Pour le Maroc, cela va de l’Occident jusqu’aux monarchies du Golfe et le monde arabe au sens large, en passant par l’Afrique, la Chine, l’Inde, Israël et la Russie.

Traiter avec tout le monde, mais ne dépendre de personne, c’est là le crédo de notre politique extérieure, et qui devrait être celui de toutes les puissances intermédiaires jalouses de leur souveraineté, ouvertes au monde et désirant nourrir leur dynamique de développement économique en interne.

Quant à celles qui désirent prendre en otage les richesses de leurs peuples, engluer leurs pays dans des rivalités stériles et illégitimes et opposer les peuples sur la base de référentiels idéologiques fallacieux et anachroniques, l’exemple algérien est là pour les inspirer.

Par Rachid Achachi
Le 22/07/2023 à 12h20