Les parlementaires en exercice accumulent tellement d’avantages (primes mensuelles de 35.000 dirhams, gratuité des hôtels, de la nourriture, du téléphone, du transport, de l’abonnement internet…), que l’opinion publique voit d’un mauvais œil le débat actuel sur leur retraite, considérée, à tort ou à raison, comme une autre forme de rente.
Le quotidien Assabah rappelle dans son édition de ce mercredi 18 juillet que c’est le Parti de la justice et du développement qui a été le premier à exiger l’élimination pure et simple de la retraite des parlementaires, dont la caisse est en faillite, tout en constituant un lourd fardeau pour le budget de l’Etat. Le journal ajoute que le PJD a fait machine arrière depuis, sous la pression de Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP, qui a exigé d’El Othmani, lors d’une réunion des partis de la majorité, que les retraites des parlementaires soient maintenues à tout prix. Une position également défendue par le président USFPéiste de la Chambre des représentants, Habib El Malki.
C’est d’ailleurs ce que vient de dire à demi-mot Driss El Azami, chef du groupe parlementaire du PJD, en affirmant que son parti était pionnier en matière d’exigence de la suppression des retraites des parlementaires, mais qu’en respect des positions des autres partis de la majorité gouvernementale, il est aujourd’hui contraint de défendre la proposition de loi prônant le maintien de ces retraites. Cette position est désormais partagée par Hakim Benchamass, président de la Chambre des conseillers et nouveau secrétaire général du PAM.
Pourtant, le groupe parlementaire du tracteur s’est rangé du côté des anti-retraites parlementaires. Il soutient ainsi le groupe de la Fédération de gauche démocratique qui, par la voix du député Omar Belafrej, a affirmé ce mardi devant la Commission des finances de la Chambre des représentants que «la représentation parlementaire est une mission élective qui prend fin avec l’expiration du mandat législaif, et non pas une fonction dont l’objectif serait de profiter d’un gros revenu et autres avantages financiers». Belafrej a demandé aux partis de la majorité d’avoir le courage de donner un coup de grâce final à une caisse de retraite déjà en faillite, pour redorer, un tant soit peu, le blason des parlementaires aux yeux de l’opinion publique. Il a donné comme exemple le cas de Mohamed Bensaïd Aït Idder, ancien député à la retraite de l’ex-OADP, qui ne touche aujourd’hui aucun centime.
Or, c’est justement ce cas des vieux routiers du Mouvement national, et auxquels on doit éviter la précarité, qui a interpellé les partis de la majorité, soutenus par l’Istiqlal (opposition), en vue d’assurer coûte que coûte une retraite aux 420 anciens parlementaires (sur un millier) qui ont dépassé les 65 ans. Le journal cite les cas des anciens chefs de parti comme Aït Idder (OADP), Ismaïl Alaoui (PPS), Mohamed El Yazghi (USFP), Abbas El Fassi (PI), Abdelilah Benkirane (PJD), Mohand Laenser (MP), Mustapha Mansouri (RNI)…
Enfin, Assabah rapporte l’absence inexpliquée, ce mardi, du gouvernement à la réunion de la Commission des finances, présidée par Abdallah Bouanou, qui n’a finalement rien décidé. Surtout que selon Abdellatif Wahbi, député du PAM, cinq propositions de lois contradictoires sur la retraite des parlementaires sont actuellement sur la table de la commission parlementaire des finances, sans qu’il y ait le moindre accord sur aucune mouture. Une situation de désaccord profond qui n’a que trop tduré, et qui bloque le rendement législatif du Parlement dans son ensemble.