Nouvel épisode dans le feuilleton de crise entre Paris et Alger. Après le tollé provoqué par la photo tweetée par le premier ministre français Manuel Valls, montrant le président Bouteflika complètement diminué par la maladie, revoilà la crise repartir de plus belle sur fond de déclarations faites par l’ambassadeur de France en Algérie au sujet de la Kabylie.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a qualifié d’ «irresponsables» la récente sortie du diplomate français du côté de Tizi Ouzou, affirmant que «60% des visas délivrés par son ambassade aux Algériens bénéficient aux habitants des wilayas de la Kabylie et que 50% des étudiants algériens en France sont issus de cette même région».
«Si des propos, qui sont tenus dans des circonstances que je ne connais pas, sont de nature à soulever des questions de ce genre, à susciter des commentaires, des interrogations, des perceptions différentes et antagonistes, cela signifie que les propos en question ont été certainement malheureux», a indiqué le chef de la diplomatie algérienne, ce jeudi, au terme d’une rencontre avec le Commissaire européen chargé de la Politique européenne de voisinage, Johannes Hahn.
Ramtane Lamamra en a rajouté en se permettant de faire la leçon à l’ambassadeur français Bernard Emié. «Le rôle principal du diplomate, accrédité auprès du chef de l’Etat, est d’ouvrir des ponts, promouvoir les échanges et les relations d’amitié et de coopération», a-t-il philosophé, sans infirmer ou confirmer les statistiques avancées par le diplomate français.
Ramtane Lamamra ignorait-il que 60% des visas délivrés aux Algériens revenaient aux citoyens kabyles ? Pourquoi n’a-t-il pas protesté auparavant contre cette réalité ? Pour quelle raison les citoyens du peuple kabyle sont-ils de plus en plus tentés par l'exode vers la France? N'est-ce pas à cause de l'oppression que leur font subir les forces de répression algériennes? Voilà des questions auxquelles l'épidermique ministre algérien n'a pas apporté de réponses. L'esquive, en effet, est un sport favori pour les dirigeants algériens. Mais les faits sont là, têtus. Le peuple kabyle en sait quelque chose. Il ne compte pas rester les bras croisés.