Kenitra: le PJD divisé par une nouvelle affaire de corruption

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Revue de presseKiosque360. Le président de la commune de Haddada et un conseiller (tous deux PJDistes) ont été condamnés à huit de prison ferme pour corruption et chantage. Cette affaire divise le parti islamiste sur le recrutement d’un «modèle électoral» dans le but de gagner les élections dans le monde rural.

Le 12/07/2019 à 21h19

Le PJD vient de recevoir un nouveau coup dur après que la cour d’appel de Kenitra a condamné, jeudi dernier, le président islamiste de la commune de Haddada à huit mois de prison ferme. Le mis en cause a été parrainé par le dirigeant du PJD Aziz Rabbah lors des élections communales. La même peine a été infligée à un conseiller communal du même parti face à des militants et des dirigeants islamistes désemparés de la région de Rabat-Salé-Kenitra. Les deux conseillers communaux avaient été mis en détention provisoire après avoir été pris en flagrant délit de corruption dans un bar suite à un piège tendu par la police.

C’est le président de la commune précitée qui a porté plainte contre les deux élus les accusant de le faire chanter pour voter en faveur de l’ordre du jour des sessions du conseil. Mais dans un rebondissement spectaculaire, l’arroseur a été arrosé quand le tribunal a découvert que le président de la commune n’était pas victime d’un chantage mais que c’était lui qui proposait des pots de vin aux conseillers pour voter en sa faveur.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du samedi 13 juillet, que le tribunal de première instance s’est appuyé sur plusieurs preuves et notamment sur les déclarations des témoins à charge pour condamner le président de la commune à quatre de mois de prison ferme. Un conseiller communal a été condamné à huit de prison ferme pour corruption et chantage tandis que le deuxième (Istiqlal) a été relaxé après avoir été acquitté par la cour. Selon des sources bien averties, cette affaire de corruption, qui a fait tombrer un président de commune et un conseiller islamiste, a divisé le parti en deux courants. L’un critique fortement ceux qui étaient derrière le recrutement de ce «modèle électoral» qui donne une mauvaise image du PJD.

L’autre courant garde le silence car il a compris que des fautes monumentales ont été commises en ouvrant les portes du parti à ce genre d’élus dans le but de récolter des voix électorales dans le monde rural. Selon certaines sources d’Assabah, des grands électeurs du PJD ont adressé une lettre urgente à Sâad-Eddine El Othmani, dans laquelle ils lui demandent d’ouvrir une enquête pour déterminer les personnes qui essayent d’affaiblir le parti en faisant appel à des éléments suspectés de corruption.

Le quotidien Al Massae a traité le même sujet, dans son édition du samedi 13 juillet, en donnant le nom du président de la commune de Haddada située dans la région de Kenitra. Il s’agit de Allal Chkaoua, dont la peine a été doublée par la cour d’appel pour passer de quatre mois à huit ans de prison ferme. Ce dernier, qui a été lâché par le PJD, a été pris dans son propre piège quand les débats au tribunal ont démontré qu’il était fortement impliqué dans cette affaire de corruption.

Les faits remontent au 23 novembre 2018 quand la police judiciaire avait arrêté deux conseillers communaux du PJD et de l’Istiqlal suspectés alors d’être impliqués dans une affaire de corruption. La justice innocentera par la suite l’élu istiqlalien et condamnera les deux élus du PJD, le président de la commune et le conseiller, à huit mois de prison ferme.

Par Hassan Benadad
Le 12/07/2019 à 21h19