Le président tunisien, Kaïs Saïed, n’a rien trouvé de mieux pour justifier l’accueil qu’il a accordé au chef de la milice séparatiste du Polisario que d’invoquer la «souveraineté nationale». Pour lui, l’acte qu’il vient de commettre est une «décision souveraine». Mais dans ce cas, il a bien bradé la souveraineté de son pays, relève le quotidien Assabah dans sa livraison du lundi 29 août. Il a cédé son pays, la Tunisie, et la souveraineté de son pays au régime des généraux au pouvoir à Alger pour la modique somme de 150 millions de dollars, affirme le quotidien. Il s’agit d’un dépôt que l’Algérie vient de faire à la Banque centrale de la Tunisie, précise le quotidien sans donner plus de détails.
Assabah est revenu sur les deux communiqués du ministère des affaires étrangères suite à cet acte hostile envers le Maroc, tout en expliquant que l’accueil officiel réservé au patron du Polisario pour assister à une réunion à laquelle il ne devrait pas participer est le couronnement d’un processus qui a démarré il y a plusieurs mois et dont l’une des manifestations est l’abstention de la Tunisie, jugée alors surprenante et non justifiée, lors du vote de la résolution 2602 du Conseil de Sécurité.
Citant un politologue, le quotidien estime que ce que vient de commettre le président tunisien est une preuve, s’il en est encore besoin, que la Tunisie de Kaïs Saïed est en faillite économique et politique. Comment donc expliquer que, poursuit le même analyste, alors que les Etats-Unis reconnaissent la marocanité du Sahara, que l’Espagne et l’Allemagne ainsi que plusieurs autres pays européens appuient le plan d’autonomie, la Tunisie décide de prendre le contre-sens de l’histoire. Nul doute, poursuit la même source, que nous assistons là à la formation, dans notre voisinage et dans la région, d’une alliance entre l’Iran, la Syrie, l’Algérie et la Tunisie dans le cadre d’un nouveau jeu des axes.
Pour les Marocains et même pour une grande partie de la communauté internationale, ce qui vient de se passer en Tunisie ne peut être qualifié autrement que par une chute du régime de ce pays. D’ailleurs, «La Chute» est le titre choisi par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui a consacré, dans son édition du même jour, un article à cet acte hostile de la présidence tunisienne.
Les images qui nous sont parvenues de l’aéroport de Carthage, vendredi 26 août, ont eu l’effet d’un choc pour les Marocains, estime le quotidien. Elles ont permis de voir en direct une volte-face sur les coutumes et les usages dans les politiques internationales et régionales, de surcroît venant du président d’un pays avec lequel nous partageons plusieurs siècles d’histoire et de longue années de lutte contre l’occupant, souligne le journal.
Tout comme Assabah, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia a précisé que la réaction du Maroc ne s’est pas fait attendre. Elle a été à la fois ferme et sans appel. Dans un communiqué diffusé par le ministère des Affaires étrangères le jour même, le Royaume a annoncé sa décision de ne pas participer au 8e Sommet de la Ticad et, en même temps, le rappel pour consultation de son ambassadeur à Tunis. En réponse à cette décision, le ministère des Affaires étrangères tunisien s’est fendu d’un communiqué contenant de nombreuses approximations et contrevérités, écrit le quotidien en reprenant le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.
La Ticad ne constitue pas une réunion de l’Union Africaine, mais un cadre de partenariat entre le Japon et les pays africains avec lesquels il entretient des relations diplomatiques, précise la même source. Les invitations sont émises exclusivement et conjointement par le Premier ministre japonais et le chef de l’État hôte de la réunion. De même, poursuivent les deux journaux, dans son communiqué, la Tunisie a tenté d’invoquer les statuts de l’Union africaine qui permettrait à ses membres de participer à ce genre d’activité, et donc de justifier son acte.
Or, tiennent à souligner les deux quotidiens, la position de l’UA a toujours été fondée sur une participation inclusive des États africains, et non pas des membres de l’Union. Elle est fondée sur la Décision 762 du Sommet de l’UA, qui précise que le cadre de la Ticad n’est pas ouvert à tous les membres de l’UA, et que le format est défini par la même décision et par les arrangements avec le partenaire. Même la résolution du Conseil exécutif de Lusaka de Juillet 2022 s’est contentée «d’encourager l’inclusivité», tout en la conditionnant à «la conformité avec les décisions pertinentes de l’UA», en l’occurrence la Décision 762.