Les ennuis s’enchaînent pour le député istiqlalien Mohamed Karimine. Déjà concerné par une procédure liée à des dysfonctionnements relevés dans la commune de Bouznika qu’il présidait, le député vient d’être entendu par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) dans le cadre d’une enquête sur des détournements de subventions destinées au secteur de la production de viandes rouges.
Le journal Al Akhbar rapporte l’information dans son édition du vendredi 2 juin, relatant que l’enquête ouverte par la BNPJ fait suite à des directives du parquet. Ce dernier a diligenté une enquête sur des versements effectués par une association dirigée par Mohamed Karimine à l’un de ses adjoints, ainsi qu’à l’une de ses connaissances, Abdelaziz Bedraoui, ancien président du club de football du Raja de Casablanca.
Le quotidien rapporte que l’enquête fait suite à une inspection effectuée par le ministère de l’Agriculture visant à s’assurer de la manière avec laquelle l’association dépensait les fonds accordés au titre des subventions pour la production des viandes rouges. Al Akhbar affirme avoir révélé ce sujet en 2019, soulignant qu’à l’époque, des dysfonctionnements majeurs avaient été enregistrés au titre de ces subventions.
La même source ajoute que le montant en jeu se chiffre en millions de dirhams, destinés initialement aux éleveurs. Il n’empêche que des soupçons entourent l’association du député qui n’aurait pas versé les montants à leurs bénéficiaires, mais les aurait plutôt virés vers des comptes bancaires appartenant à des tiers.
Al Akhbar rappelle que le ministère de l’Agriculture a décidé en 2009 d’accorder aux éleveurs une subvention de 4.000 dirhams pour chaque nouveau veau de son troupeau. L’association de Mohamed Karimine a été impliquée dans le processus de vérification de ces naissances ainsi que dans la gestion du versement des subventions aux éleveurs, mais cela a tout de même été accompagné de protestations, liées notamment au retard accusé dans le versement des subventions, qui ont poussé le ministère à arrêter l’opération en 2015.
C’est par la suite une plainte reçue par le parquet qui est venue incriminer le député. Elle aurait été déposée par un ancien technicien qui opérait pour le compte de l’association dans le cadre de cette opération. Il y affirme, documents à l’appui, que d’importants écarts existent entre les revenus déclarés par l’association et les ressources réelles qu’elle dégageait. Il y ajoute que des services rémunérés étaient offerts par l’association sans qu’ils ne soient également déclarés. Des accusations suffisamment graves pour qu’une enquête judiciaire soit lancée.