Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des libertés, n’est pas au bout de ses peines. Au Parlement, il est malmené même par les élus de la majorité. C’est ainsi que, nous informe Al Akhbar dans son édition de ce 2 juillet, les membres de la commission de la justice à la première chambre ont reporté sine die l’adoption de deux importants projets de lois organiques relatifs à la haute autorité du pouvoir judiciaire et au statut de base des magistrats. Ce report, affirme Al Akhbar, intervient à la demande des élus de la majorité qui souhaitent mieux étudier des amendements portant notamment sur l’indépendance du Parquet par rapport au pouvoir exécutif (ministère de la Justice). Dans l’absolu, les députés de la majorité estiment que le Parquet doit rester sous la tutelle du ministère de la Justice au vu de la phase transitoire que vit notre pays. L’autre option est de tout confier au Procureur général près la Cour de cassation, en sa qualité de chef du Parquet. Sauf que, dans ce cas de figure, ce magistrat ne saurait rendre de comptes devant le Parlement, au nom de la même sacro-sainte indépendance du pouvoir judiciaire. Au final, la majorité pourrait opter pour une solution médiane, soit pour une «indépendance contrôlée» via des passerelles entre le pouvoir judiciaire et le Parlement.
Les magistrats dans la rueAu vu des tensions causées par les deux projets de lois organiques en question, les magistrats ont décidé d’investir la rue en organisant un premier sit-in, ce vendredi 3 juillet, devant le siège de la Cour de cassation. Une manifestation bien particulière, à en croire un deuxième article d’Al Akhbar, puisqu'elle regroupe, cette fois, toute une coalition en colère contre Mustapha Ramid et composée de quatre entités représentant les juges: le Club des magistrats, l’Amicale hassanienne des magistrats, l’Association marocaine des magistrats et l’Association marocaine des femmes magistrates. Les juges veulent ainsi attirer l’attention sur les dispositions prévues dans ces deux projets de textes de lois qui ne garantiraient ni l’indépendance de la justice ni les droits des justiciables. Abdellatif Chentouf, président du Club des magistrats, déclare d'ailleurs à Al Akhbar que le sit-in de ce vendredi ne sera qu’un début et que les juges pourraient même en arriver à la grève.