Le profond différend opposant le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid au premier président de la Cour de Cassation et homme fort au ministère, Mustapha Farès, au sujet de l’indépendance de la justice, a éclaté au grand jour lors d’une rencontre, organisée vendredi et samedi à Marrakech, sur le thème de la réforme de la justice.
A en croire Akhbar Al Yaoum, dans son édition de ce lundi 2 mars, Ramid était ferme dans son intervention signifiant que les juges relèvent indubitablement de son département, mettant ainsi fin à des scenarii avancés par certains et qui n’ont, selon lui, aucun fondement constitutionnel. Et le ministre d’insister que «ce qui est judiciaire est judiciaire et ce qui est administratif reste administratif», mettant l’accent sur l’importance de placer en priorité l’intérêt des citoyens sur la base de l’indépendance, l’équilibre et la coordination, loin des conflits stériles.
De son côté, Mustapha Farès a indiqué que, grâce aux chantiers lancés et menés par le roi Mohammed VI, le Maroc a dépassé la phase de diagnostic des dysfonctionnements en mesure d’entraver le processus de la réforme de la justice, appelant à cesser de tergiverser et de faire des choix fermes. Et ce, a-t-il poursuivi, par le biais d’une autorité judiciaire disposant de toutes les garanties d’une réelle indépendance tant au niveau individuel qu’institutionnel. Une autorité dont rêve tout un chacun, proche des justiciables sur les plans humain, juridique et logistique, tout en consacrant la sûreté judiciaire et juridique et protégeant les libertés, dans le cadre de procès équitables. Pour Farès, la question de l’indépendance de la justice devra être tranchée courant cette année devant l’autorité législative qui examinera les projets de loi relatifs notamment au Conseil supérieur de la magistrature.
De l’avis du président de l’association des barreaux du Maroc, Houcine Raji, ce différend trouve son origine dans deux visions celle de Ramid à caractère politique, étant membre du secrétariat général du PJD au pouvoir, et la seconde puisant dans les constantes de l’Etat dans sa relation avec le système judiciaire. Selon lui, poursuit Akhbar Al Yaoum, l’Etat n’est pas prêt à lâcher le département de la Justice en tant qu’outil avec lequel il maîtrise les institutions officielles, donnant l’exemple du barreau de Marrakech connu par l’affaire dite «Bâtonnier Sebbari». Contrairement à l’avis de Raji, le journal cite Abdelali Hamiddine, universitaire et dirigeant au PJD, qui estime que le débat n’est nullement politique mais purement juridique et institutionnel.