Sans qu’il y soit explicitement fait référence, le discours du Trône ouvre à nouveau le débat sur la question de l’héritage. Dans le discours du 30 juillet, le roi Mohammed VI a appelé à la réforme de la Moudawana pour en dépasser les défaillances et les aspects négatifs. Depuis, observe le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du jeudi 25 août, les revendications de réforme de ce texte, surtout pour ce qui est de l’héritage, se multiplient, principalement parmi les forces progressistes. Dans le clan conservateur, c’est le silence total. Ce qui, d’après le quotidien, augure néanmoins d’un débat virulent entre les islamistes et les libéraux.
Concrètement, après l’USFP qui a été le premier parti politique à revendiquer, depuis des années déjà, l’égalité des sexes en matière d’héritage, voici que le PPS se joint à cet appel. Dans le projet de sa plateforme politique qui sera débattue lors du prochain congrès prévu les 11, 12 et 13 novembre, le parti a appelé à l’égalité entre les deux sexes dans l’héritage, mais aussi à davantage de libertés individuelles ainsi qu’à une plus grande ouverture en matière de libertés. Le parti estime ainsi, dans ce document qui devra être validé par le congrès avant d’être versé dans la littérature de la formation politique, que la levée de toute forme de ségrégation sur la base du genre est de nature à renforcer les droits, notamment économiques, de la femme. Et ce à travers l’instauration d’une égalité non seulement en matière d’héritage, mais aussi dans l’accès au marché du travail, aux postes de responsabilité et au niveau des salaires.
Dans le même sens, le bureau politique de l’USFP considère que le chantier de réforme et de modernisation du Code de la Famille annoncé dans le discours royal traduit l’approche progressiste du souverain relativement à la question. C’est une approche rationnelle du texte religieux qui privilégie l’esprit du texte sur son énoncé. La réforme, comme il est spécifié dans le discours royal, doit être menée en parfaite concordance avec les desseins ultimes de la Loi islamique et les spécificités de la société marocaine.
Cela dit, poursuit le quotidien, l’appel du souverain à revoir le texte de la Moudawana a été accueilli très favorablement dans les milieux des droits de l’Homme. Cependant, note Al Ahdath Al Maghribia, plusieurs observateurs n'écartent pas le fait que cette action risque d’ouvrir un «nouveau conflit» entre les milieux conservateurs et progressistes sur la Moudawana. Un texte qui, tel qu’il se présente actuellement, suscite déjà quelques susceptibilités dans les milieux islamistes, notamment pour tout ce qui concerne les libertés individuelles.
Le souverain, rappelle le quotidien, a pourtant spécifié dans ce discours qu’en sa qualité de commandeur des croyants, il ne peut «autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé, en particulier sur les points encadrés par des textes coraniques formels». Toujours est-il, relève le quotidien, que l’ouverture de ce chantier ne manquera certainement pas de créer un clivage social, comme ce fut le cas au début du millénaire à l’occasion de la présentation par le gouvernement du Plan d’action pour l’intégration de la femme au développement.