Plus que quelques jours avant la rentrée politique officielle et la formation du gouvernement El Othmani II n’est pas encore tranchée. On en est encore aux discussions de coulisses. Pourtant, les partis politiques, membres de la majorité, étaient bien pressés de remettre leurs propositions au chef du gouvernement, dans le délai imparti de huit jours. Ce délai expire d’ailleurs jeudi prochain. Cela, afin que le chef du gouvernement puisse, à son tour, soumettre la liste des candidats pressentis pour faire partie de sa nouvelle équipe au Palais, avant la fin de la semaine. Cependant, les chefs de file de la majorité, eux, ne semblent pas l’entendre de cette oreille. Ils refusent un remaniement abordé selon «la logique des boucs émissaires», rapporte ainsi Assabah dans son édition du lundi 16 septembre.
Quant au chef du gouvernement, il joue désormais contre la montre pour être dans les temps et accomplir sa mission avec un minimum de dégâts. C’est que la méthodologie qu’il a adoptée pour mener ses négociations est loin d’être appréciée par ses partenaires. Ces derniers l’accusent même, ouvertement, d’avoir mal interprété les termes du discours du 29 juillet. D’après le quotidien, El Othmani semble ne pas avoir saisi le ton de l’urgence adopté dans ce discours. De même, ajoute le quotidien, qu’il n’a pas non plus compris que, par ce discours, le roi l’avait chargé effectivement et officiellement de renouveler des postes de responsabilité aussi bien au sein du gouvernement que, plus tard, dans l’Administration.
De plus, souligne le journal, le souverain a bien mis en avant sa volonté de voir apparaître de nouveaux profils, compétents et hautement qualifiés, capables de réaliser le changement profond voulu pour notre pays. Mais, tout ce que le chef du gouvernement a réussi à faire jusqu’ici, c’est d’arracher un consensus à ses partenaires pour réduire le nombre des ministres dans son gouvernement, supprimer les postes de secrétaires d’Etat et confier la gestion du portefeuille de la Santé à une personnalité indépendante.
Ce qui fait dire à Jawad Chafik, dirigeant et membre du bureau politique de l’USFP, cité par Assabah, que la manière de faire du chef du gouvernement est pour le moins «décevante». Ce dernier, explique-t-il, «a donné au discours royal une dimension technique, arithmétique et opérationnelle, négligeant le plus important, à savoir sa dimension fonctionnelle». Ce qui fait que, relève le dirigeant socialiste, c’est le souci arithmétique qui a prévalu lors des négociations menées par El Othmani. Le remaniement, censé faire faire au Maroc un bond en avant, a été réduit à des considérations telles que: «Qui va être éjecté du gouvernement? Qui y reste? Combien de postes va garder chaque parti? Va-t-on réduire seulement le nombre des ministres ou également celui des partis?».
Bien plus, d’après le dirigeant socialiste, on aurait même attribué au chef du gouvernement une déclaration selon laquelle «le nombre de ministres sera réduit d'un tiers, ce qui signifie que chaque parti membre doit donc renoncer à un tiers des postes qu’il occupe». Or, souligne-t-il, ce n’est pas là l’esprit du discours du 29 juillet. En effet, le Maroc est en passe de s’engager dans une nouvelle étape, avec de nouvelles ambitions, un nouveau modèle de développement et une nouvelle génération de stratégies sectorielles. Et pour réunir les conditions de réussite de cette étape, il faut mettre à contribution, aussi bien au gouvernement que dans l’Administration, des profils dotés d’une nouvelle mentalité et choisis selon les critères de compétence et de mérite.