Le secrétaire général du PPS vient de fausser les calculs d’El Othmani. Et pour cause, Nabil Benabdellah, qui vient d’être limogé, menace implicitement le chef du gouvernement de priver la majorité gouvernementale du renfort du PPS, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 28 et 29 octobre.
Selon le journal, cette décision n’a pas plu au chef du gouvernement qui était sur le point de lancer les négociations pour remplacer les ministres congédiés. Le processus a été, en effet, arrêté net. La réaction du PPS, qui a été jusqu’à rendre hommage, pour service rendu à la Nation, à ses ministres limogés, a été qualifiée de surenchère.
Par ailleurs, affirme Assabah qui cite des sources au sein du parti, la direction du PPS a débattu, pendant sept heures, de la situation des ministres démis et a considéré le renvoi des deux ministres, Benabdellah et Louardi, comme un revers politique. La direction du PPS voit dans la décision royale une sanction contre le parti qui a choisi d’évoluer sous l’aile des islamistes du PJD et a soutenu Benkirane, pendant toutes ces années, pour pouvoir rester au gouvernement. Le PPS considère que le roi a également sanctionné le combat du parti contre le «tahakkoum» (ou les velléités de domination de la scène politique) et non une quelconque négligence de ses ministres dans l’exercice de leur fonction.
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En outre, affirme le journal, pendant cette longue réunion, au demeurant très animée, deux positions contraires ont émergé. Une aile du parti, celle de la direction, souhaite poursuivre sa collaboration au sein du gouvernement. Ses partisans étaient même prêts à fournir une liste de ministres remplaçants au chef du gouvernement. Tandis que l’autre camp, mené par Nabil Benabdellah, s’est montré très hostile à cette option. Ce dernier a ainsi fait pression sur les membres du bureau politique pour tout renvoyer devant le comité central. Le secrétaire général a soutenu qu’il faut lire dans son limogeage un message codé selon lequel le PPS est devenu «persona non grata» au gouvernement.
Cela dit, en menaçant de se retirer du gouvernement, le PPS ouvre ainsi grandes les portes de l’Exécutif à l’Istiqlal. Toutefois, affirme Assabah, le comité exécutif du parti de l’Indépendance a rejeté l’idée d’entrer au gouvernement par la fenêtre, estimant qu’il est plus judicieux d’attendre le remaniement de 2019 pour revenir aux affaires la tête haute et avec une plus forte représentation. En outre, le parti a jeté son dévolu sur la présidence de la première chambre en remplacement du socialiste Habib El Malki à la mi-mandat.
En attendant de reconstituer son équipe, El Othmani est contraint de nommer des ministres par intérim pour procéder à l'examen et au vote du projet de Loi de finances.