Depuis la catastrophe du séisme du 8 septembre, dans la province d’Al Haouz, pas moins de 60 pays ont proposé leur aide -des secouristes, des chiens renifleurs, du matériel et de l’alimentation. Un bel élan de solidarité, assurément. Le lundi 11 septembre, Rabat n’a autorisé que quatre pays à envoyer des équipes de recherche et de sauvetage, à savoir l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Émirats arabes unis. Une décision qui a été largement commentée, voire critiquée ici et là.
De quoi parle-t-on au vrai? D’un choix du Maroc: question de souveraineté -des dizaines de pays ont ainsi proposé, mais seul le Royaume dispose. Pourquoi seulement ces quatre pays? Pour plusieurs raisons cumulatives d’ailleurs. La première a trait sans nul doute au prisme de la diplomatie marocaine à l’aune de la cause du Sahara marocain. Il est vrai qu’ils ne sont pas les seuls à s’être prononcés à ce sujet, d’autres étant dans le même registre et avec éclat même (États-Unis, Allemagne, Israël…). Quand à l’aide d’Alger, elle ne pouvait qu’être refusée pour mille et une raisons connues d’hostilité depuis près d’un demi-siècle. Elle n’était d’ailleurs qu’un «bluff», une médiocre mise en scène de «fraternité» qui n’a trompé personne. Passons.
Quant au refus marocain de l’aide d’État française, il appelle un commentaire particulier. Si des ONG de ce pays ont bien été agréées, c’est parce qu’elles traduisaient l’apport d’une expérience sans doute, mais aussi parce qu’elles étaient l’expression d’une solidarité exceptionnelle de la société. Le Maroc a une bonne cote dans l’Hexagone: de l’empathie, des liens avec une communauté de nationaux forte de quelque 1.800.000 personnes et qui est en première ligne. L’aide d’État de Paris a été déclinée parce que la position française sur le Sahara marocain reste frileuse et bien en deçà de celle que l’on est en droit d’attendre d’un partenaire historique aussi privilégié. Une réévaluation s’impose à l’évidence, à l’instar de pays membres de l’UE et plus encore des États-Unis depuis décembre 2020. De plus, comment évacuer la campagne médiatique et même diplomatique menée contre le Royaume en l’occurrence? La personne du Roi a été mise en cause de manière irrespectueuse. Inacceptable et indigne. L’on a vu ainsi certains médias de tous supports (audiovisuel, presse écrite) aller jusqu’à faire le «procès» du Souverain: où est-il? Pourquoi ne parle-t-il pas ? Quelle indécence !
Une mauvaise foi totale: quatorze heures après le séisme, le samedi 9 septembre, le Souverain a tenu une réunion à Rabat avec les principaux responsables civils et militaires. Elle a été sanctionnée par des décisions et une première feuille de route, complétée d’ailleurs cinq jours plus tard par d’autres intéressant le gouvernement (mesures d’urgence, aide au logement, reconstruction… ). Le président français a été insistant pour l’envoi de l’aide. Lourdement. S’il a fait référence à la souveraineté du Maroc en la matière, il n’en a pas moins fait part de son irritation quant au refus de celle-ci. Les médias de son pays n’étaient pas en reste. Un forcing et un pressing mal venus. À leurs yeux, d’une certaine manière, nous étions pratiquement des contrevenants impénitents: comment donc ne s’est-on pas plié? L’on ne donnait pas suite à ce qui s’apparentait à des sommations -un refus national d’obtempérer… Autre temps: le Maroc a sa fierté; il a aussi ses propres capacités à faire face. Il assure, comme on dit, et il assume.
Cela dit, il vaut de relever que l’aide internationale n’est pas «neutre»: tant s’en faut. Elle peut prendre une forme durable avec l’aide au développement. Elle est également ponctuelle comme en l’espèce avec l’aide humanitaire dans la présente situation d’urgence. Elle doit reposer sur ces quatre principes: humanité avec le souci de soulager toutes les souffrances; neutralité aussi, sans prendre parti, impartialité encore sans discrimination et enfin indépendance, autrement dit, aide sans paramètres économiques ou autres. C’est dire qu’il faut veiller à ce que cette aide humanitaire ne soit pas mâtinée d’autre chose. Référence est faite ici à bien des postures -en particulier françaises en l’occurrence- où derrière le paravent de la solidarité se dissimulent, mal d’ailleurs, certaines arrière-pensées d’ingérence. L’humanitaire doit être bien compris, cadré: il ne doit pas en effet être le faux nez d’une politique d’ingérence… Le Maroc a tenu à ce que cette position de principe soit clairement exprimée. Nul doute que ce message a été bien reçu.