Gdeim Izik: les Droits de l’Homme au service des… assassins!

Une séquence des tragiques événements survenus fin décembre 2010 à Gdim Izik, à 15 kilomètres de Laâyoune. 

Une séquence des tragiques événements survenus fin décembre 2010 à Gdim Izik, à 15 kilomètres de Laâyoune.  . DR

Quatre ONG, dont Amnesty International et HRW, ont lancé un appel pour la libération des 21 individus condamnés suite aux événements de Gdeim Izik. Les familles des victimes attendent la décision de la justice.

Le 05/11/2015 à 18h10

A la veille du 5e anniversaire de la boucherie perpétrée par des séparatistes à Gdeim Izik (8 novembre 2010) et du 40e anniversaire de la Marche Verte, quatre ONG sont montées au créneau pour demander la relaxe des 21 individus arrêtés et jugés après ces événements. Les ONG en question, signataires d’une déclaration commune diffusée mardi dernier, sont HRW, Amnesty International, l’Action chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT) et l’Association sahraouie des victimes des graves violations des Droits de l’Homme. Ces ONG vont encore plus loin que la demande d’une relaxe pure et simple d’individus responsables, chacun à un degré différent, de la mort de 11 victimes massacrées de manière atroce et dont les dépouilles ont été souillées par les assassins. Elles revendiquent une indemnisation pour les bourreaux de Gdeim Izik qui auraient signé des aveux sous la torture.

Etranges revendications au moment où les familles et proches des 11 victimes observent une digne réserve! «Nous ne voulions pas évoquer ce sujet publiquement au moment où notre pays s’apprête à célébrer le 40e anniversaire de la Marche Verte», nous déclare un membre de la Coordination des familles et des amis des victimes des événements de Gdeim Izik. Les membres de cette coordination s’étaient rassemblés mercredi 4 novembre et ont élaboré un communiqué qui sera diffusé au cours de la semaine prochaine. Interrogé sur la déclaration signée par les quatre ONG, un autre membre de la Coordination des victimes affirme que les familles attendent avec impatience la décision de la Cour de cassation qui se penche actuellement sur le dossier. «Nous serions heureux de voir le dossier ouvert de nouveau devant un tribunal civil. Car, devant le tribunal militaire, nous n’avions même pas le droit à la parole ou celui de nous constituer partie civile», explique notre interlocuteur, qui ajoute que les familles des victimes ont confiance en la justice.

Le temps des assassins

Ceux qui avaient suivi les évènements de Gdeim Izik se rappellent sans doute des scènes insoutenables où de jeunes gendarmes et membres des forces auxiliaires ont été froidement égorgés. Et comment des êtres indignes ont osé uriner sur des dépouilles mortelles. Même en temps de guerre, on ne s’en prend jamais aux secouristes. Les séparatistes ont franchi le pas et tabassé des sapeurs-pompiers. Mais les assassins trouvent bizarrement des défenseurs chez les… défenseurs des Droits de l’Homme. Quant aux familles des victimes, elles peinent à faire entendre leur voix depuis cinq ans. «Nous avons adressé des lettres au secrétaire général de l’ONU, à Christopher Ross et au Conseil des Droits de l’Homme à Genève, mais personne n’a pris la peine de nous répondre», affirme un membre de la Coordination des familles des victimes.

Dimanche prochain, les 11 victimes auront passé cinq ans six pieds sous terre. Les bourreaux, quant à eux, revendiquent toujours le droit d’assassiner et de mutiler, impunément.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 05/11/2015 à 18h10