Fuite des médecins, un défi pour le gouvernement

Le gouvernement n’a pas réussi à endiguer le phénomène de l’exode des médecins et infirmiers vers l’Europe et l’Amérique du Nord, en particulier le Canada

Revue de presseLe ministre de la Santé, Amine Tahraoui, fait appel à des étrangers pour combler le déficit en ressources humaines dans le secteur. Les médecins marocains fraîchement diplômés refusent les concours, surtout lorsqu’il s’agit de zones éloignées. Une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 01/06/2025 à 20h34

Le gouvernement n’a pas réussi à endiguer le phénomène de l’exode des médecins et infirmiers vers l’Europe et l’Amérique du Nord, en particulier le Canada. Ils sont attirés par des incitations financières, une formation continue, les opportunités d’une riche carrière professionnelle et les dernières avancées dans les domaines de la médecine et des soins infirmiers.

D’après le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans sa livraison du lundi 2 juin, Amine Tahraoui, ministre de la Santé et de la Protection sociale, fait actuellement face à une situation où les médecins refusent de participer aux concours de recrutement pour les hôpitaux publics et les centres de santé dans les régions dépourvues de cliniques privées. «Ils préfèrent postuler pour des postes dans les grandes villes, où ils peuvent également officier dans les établissements privés pour améliorer leurs revenus mensuels afin de se sentir membres de la classe moyenne», souligne le quotidien.

Pour combler le déficit, le ministre a augmenté le nombre de places pédagogiques pour l’accès aux facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire au Maroc. L’offre a connu une hausse de 88% en 2024 par rapport à 2018. Le ministère vise à porter le nombre de places dans ces facultés à 7.540 à partir de 2027. Cela s’inscrit dans le cadre d’une convention signée en 2022 entre les ministères de la Santé et de la Protection sociale, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique, de l’Économie, des Finances et du Budget, rappelle le quotidien.

L’objectif est également d’augmenter le nombre de professionnels de santé de 17,4 pour 10.000 habitants à 45 d’ici 2030, avec un budget de 3 milliards de dirhams, selon les réponses écrites du ministre aux questions des différents groupes parlementaires, majorité et opposition.

Malgré les critiques des parlementaires sur le manque de ressources humaines, qui quittent les hôpitaux après une ou deux années de service pour émigrer, le ministre reste optimiste. Il a souligné que le nombre de places pédagogiques dans les filières de licence destinées aux infirmiers et techniciens de santé avait connu une hausse de 206%, atteignant 8.360 places en 2024. Pour le cycle de master, la croissance est encore plus marquée, avec une progression de 353% entre 2020 et 2024, soit 680 places prévues cette année. Le ministre fixe l’horizon 2029 pour l’ouverture de 11.900 places pédagogiques dans ces formations.

Le ministre, poursuit le quotidien, a également relevé que le nombre de postes budgétaires dédiés au recrutement de personnel médical et paramédical est passé de 4.000 en 2019 à un total prévisionnel de 6.500 pour l’année 2025. Cette progression s’accompagne d’un renforcement des attributions des services déconcentrés du ministère, notamment à travers la délégation de la signature pour l’organisation de concours régionaux depuis fin 2020. «Cela a permis de combler les déficits en personnel médical et infirmier dans certaines régions, en tenant compte des spécificités locales, dans la perspective de la mise en place des groupements sanitaires territoriaux, qui s’appuient également sur des incitations financières», relève le quotidien, citant le ministre.

En même temps, les sessions du dialogue sectoriel régulier sont maintenues pour résoudre tout problème urgent. Le ministre a évoqué, dans ce cadre, l’octroi de l’indice 509 aux médecins dès le début de leur carrière, et la revalorisation de l’indemnité de risque pour les professionnels de santé. De même, le gouvernement a créé la fonction sanitaire, qui inclut des avantages visant à valoriser les ressources humaines et à rendre le secteur plus attractif. Cela comprend l’instauration d’un salaire variable pour les professionnels de santé, des compensations pour le travail dans les zones reculées, et un renforcement de l’intégration entre les secteurs public et privé.

Enfin, le ministre a mentionné l’impact de la promulgation de la loi n° 33.21, qui permet aux médecins étrangers d’exercer au Maroc. Dans ce cadre, 580 médecins étrangers ont été recrutés pour renforcer l’attractivité du secteur de la santé.

Par Amyne Asmlal
Le 01/06/2025 à 20h34