Les services de sécurité français sont de nouveau sur le gril. Alors que la politique sécuritaire est très contestée après les failles apparues et qui ont permis des attentats terroristes, voici qu’un terroriste notoire, assigné à résidence, arrive à passer facilement entre les mailles des filets sécuritaires.
Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui rapporte l’information dans son édition du week-end des 30 et 31 juillet, il s’agit d’un Marocain, Rachid Rafaa, alias Ibn Al Malahim Al Mourrrakochi, qui a réussi à déjouer la vigilance des autorités françaises. Actuellement, il est activement recherché, aussi bien par les services de sécurité français que marocains.
Le journal, qui cite un communiqué de la gendarmerie nationale française, affirme qu’«un homme de nationalité marocaine, assigné à résidence sur la commune du Morne-Rouge en Martinique depuis le 15 mai 2014, s'est soustrait à cette mesure à compter de la matinée du mercredi 27 juillet 2016».
Le communiqué, accompagné de trois photos, donne également le signalement de cet homme. Il précise qu’il est âgé de 40 ans, avec une corpulence mince, d’une taille de 1m69, le visage ovale, les yeux noirs, les cheveux châtains ondulés relativement longs. Il porte également une valise de voyage de couleur grise et une autre de couleurs rouge et blanc.
Rachid Rafaa, alias Abou Al Malahim, qui avait fait l'objet, en décembre 2009, d'un mandat d'arrêt international émis par le Maroc, est spécialisé en informatique. Il est présenté comme l’une des figures de proue de l’organisation Al-Qaida, il fait même partie de l’avant-garde de l’organisation terroriste. Il est directement lié à ses ramifications en Arabie Saoudite, en Libye, en Algérie, en Afghanistan et en Iran.
Selon les renseignements auxquels le journal a pu avoir accès, Rachid Rafaa entretient également des relations directes et très étroites avec des chefs de cette organisation terroriste dans différents pays, comme Ziad Al Ansari, un dirigeant d’Al- Qaida en Arabie Saoudite, et Atiallah Abderrahmane, un leader terroriste libyen récemment tué dans un raid aérien.
Le rôle de l’évadé dans l’organisation terroriste est stratégique. Il a été désigné comme responsable principal du site «Al Hisba» qui revêt une importance capitale pour Al-Qaida. Rachid Rafaa s’occupait également de la gestion des fonds qui affluent de plusieurs pays et de leur transfert aux «moujahidines» en Afghanistan. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il a été placé par les autorités marocaines en tête de liste des personnes recherchées.
C’est également à ce titre qu’il fait l’objet de ce mandat d’arrêt international émis par le Maroc pour «constitution de bande criminelle en vue de commettre des actes terroristes». Cela, avant qu’il ne soit repéré sur le territoire français. Les autorités marocaines ont ensuite demandé son extradition, mais la France a refusé de donner suite à cette demande pour des considérations liées aux respects des Droits de l’Homme.
La Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) avait, en effet, interdit, par décision définitive et irrévocable datée de l’année 2013, à la France de l’extrader vers le Maroc par crainte qu'il n'y soit «torturé».
Cette crainte d’une supposée maltraitance a permis à ce terroriste notoire de vivre normalement, depuis fin 2009, à Metz, en Moselle, y jouissant notamment de la «liberté» de circulation et de déplacement. Il lui a donc été facile de planifier son évasion pour échapper aux autorités françaises.
Ceci, malgré les alertes envoyées par leurs homologues marocaines, quelques jours plus tôt, sur ce projet d’évasion par voie de mer que préparait alors Al-Qaida. Bien sûr, l’alerte n’a pas été prise en compte et le projet d’évasion s’est déroulé tel que les services de renseignements marocains l’avaient prédit.
L’évasion de Rachid Rafaa a été organisée, affirme le journal, par la Brigade de Khourassane, l’entité chargée au sein d’Al-Qaida de relations internationales. Selon la même source, le plan d’évasion a été exécuté sans encombre, mettant les autorités françaises dans l’embarras. Cela, d’autant plus qu’elles ont laissé filer, non seulement un dirigeant de l’organisation terroriste, mais également une mine inestimable d’informations.