D’un côté, un gouvernement suffisamment motivé pour élargir l’assiette fiscale, quitte à imposer de nouvelles taxes à certains contribuables. De l’autre, une représentation professionnelle qui se méfie déjà, prévenant que l’imposition de «nouvelles» taxes risque de faire grimper les prix, et alourdir par conséquent la facture du panier de la ménagère. Voilà réunis les ingrédients pour un branle-bas de combat qui devraient animer la scène économique au cours des prochains mois.
Dans son édition du vendredi 4 mars, Assabah s’intéresse à la dernière sortie de Fouzi Lekjaâ, ministre en charge du budget, lors d’une rencontre co-organisée par son département et la commission des finances de la première chambre du Parlement. Il s’est en effet attaqué aux subventions du sucre, expliquant qu’elles coûtent cher à l’Etat, alors que des industriels en profitent largement. Selon lui, durant les cinq dernières années, l’Etat a dû débourser 3,4 milliards de dirhams en moyenne annuelle pour une consommation de 1,2 million de tonnes. Pourtant, plus de 25% de cette quantité est en fait utilisé par des industriels de l’agroalimentaire et qui ne sont pas la vraie cible du système de subventions.
Comme le souligne le quotidien, le ministre du Budget estime qu’il faut revoir cette subvention afin qu’elle profite à ceux qui en ont besoin. Les économies à dégager serviront alors à financer des programmes de sensibilisation visant à inciter à une alimentation plus saine. Pour y arriver, la taxe intérieure sur le sucre pourrait permettre de récupérer les subventions dont profitent certains industriels. D’après Assabah, Fouzi Lekjaâ a même proposé la constitution d’une commission intégrant l’ensemble des parties prenantes afin de déterminer une liste de produits qui seraient concernés par cette taxation et qui ferait son taux.
Bien entendu, cette proposition n’est pas du goût de tout le monde, comme le démontre la position exprimée par la Fédération des industries agroalimentaires, affiliées à la CGEM. Selon le journal, elle a prévenu qu’une taxation des produits sucrés aurait un double impact. Le premier concerne le niveau des prix de vente qui augmenteront naturellement. Le deuxième est que les industriels pourraient alors recourir à des produits chimiques pour compenser l’absence du sucre, ce qui ne serait pas forcément bon pour la santé des consommateurs. Sans parler de l’impact sur la croissance du secteur de l’agroalimentaire qui s’en trouverait freiné, faisant ainsi perdre plusieurs postes d’emploi.
Pour l’heure, le sujet est toujours au stade du débat, mais il semble déjà que les positions contrastées des uns et autres risquent de se transformer en une bataille politico-économique qui marquerait le mandat de l’actuel gouvernement.