"Quel que soit le différend qui oppose le Maroc et l'Algérie sur le conflit artificiel du Sahara, Crans Montana s'attache fermement au fait que les principes de paix, de stabilité et de sécurité dans la région sont plus forts que d'autres considérations politiciennes", soulignent les organisateurs. Le gouvernement marocain ne cache pas sa satisfaction de voir le Forum Crans Montana maintenir sa conférence internationale à Dakhla, qui sera, durant quatre jours, "la capitale de l'Afrique".
Le Forum Crans Montana tient à saluer le rôle important joué par l'ISESCO et son président, le Saoudien Abdelaziz Touijri, dans la tenue de cette rencontre au Maroc. Pour rappel, l'ISESCO, Organisation islamique pour la culture et les sciences, est l'équivalent de l'UNESCO pour le monde musulman.
Des observateurs estiment que le Maroc profitera de cette grand-messe pour transmettre, une nouvelle fois, à l'Algérie, un message de paix. Bien que les autorités algériennes aient subi un camouflet après avoir échoué à torpiller l'organisation de ce forum à Dakhla, le Maroc "reste un messager de paix et de fraternité", a déclaré à LE360 une source gouvernementale proche du dossier.
Le second point positif pour le Maroc réside dans le fait que Dakhla va transmettre à la communauté internationale l'inquiétude que se font la région du Sahel et les zones avoisinantes quant au risque de l'aggravation du terrorisme, de l'instabilité et de l'insécurité. "Nul ne voudrait que s'installe Al Qaida ni Daech dans ces zones », estime Rabii Nachiti, un expert tunisien. Et d’ajouter : "La communauté internationale doit oeuvrer pour maintenir la paix dans toute la région".
Pour sa part, le politologue Mustapha Shimi note que Dakhla organise un rendez-vous mondial à un mois de la publication du rapport de l'ONU sur le sahara. "C'est un échec à la propagande algérienne", relève-t-il.
«Le choix de Dakhla est un signal fort»
A la question de savoir pourquoi l'Algérie s’oppose à l'organisation de cette conférence à Dakhla, Shimi estime qu'il est "impossible de tenir ce forum mondial à Tindouf qui abrite les camps des séquestrés, ni en Algérie parce que ce pays vit une profonde crise politique". "En Algérie, il n'y pas de projet sociétal", indique-t-il, ajoutant que, en choisissant Dakhla, le Maroc confirme "la visibilité de sa politique sur les plans interne et international".
Selon Mustapha Shimi, les thèmes qui seront abordés revêtent un grand intérêt: la promotion de la femme africaine, la liaison entre l'industrie maritime et l'arrière pays africain et la place de la jeunesse dans le développement, les ressources halieutiques, les échanges Sud-Sud.
Pour sa part, le politologue Roudani Cherkaoui a invité l'Algérie à tirer la leçon de cet échec. "Le monde veut que la paix règne dans toute la région du Sahel allant du sud de l'Algérie jusqu'au Mali en passant par la façade atlantique. L'entêtement d'Alger est voué à l'échec", analyse-t-il. "Il ne peut y avoir de coopération Sud-Sud sans paix ni stabilité dans la région. Le Maroc offre cette garantie", selon ce chercheur.
En conclusion, note Cherkaoui, le Forum Crans Montana lance un appel implicite à l'Algérie se traduisant ainsi: "Il faut désormais un peu plus de courage et de détermination pour aborder et régler les vrais problèmes de notre époque".