Le roi Mohammed VI a répondu aux attentes du peuple dans son discours "historique" du 9 mars 2012, a déclaré vendredi le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, lors d'un panel au forum de Davos, célèbre forum de débat en Suisse, sur la situation politique en Tunisie et en Egypte. Tenant dans la main un chapelet et s'exprimant calmement, le chef du gouvernement était aux côtés de Rachid Ghennouchi, leader du mouvement islamiste tunisien Ennahda et de Caid Baji Essebssi, leader de Nida Tounes et ancien Premier ministre du gouvernement de transition tunisien après la chute de Ben Ali.
"En Syrie, la dictature n'a pas basculé" contrairement à la "volonté" du peuple, a-t-il affirmé tout en hésitant sur le nombre exact des morts et des exilés que la tragédie syrienne a provoqués. "Je ne sais pas à quel chiffre de morts on est arrivé... mais à des millions d'exilés", a-t-il dit. "A l'instar des peuples tunisien et égyptien, le peuple syrien a bougé. Il y a eu un passage de la dictature à la démocratie chez les premiers mais le peuple syrien n'a pas connu ce processus de changement. Il faut respecter la volonté des peuples", selon le chef du PJD. "Je félicite les frères tunisiens pour avoir récemment trouvé une solution à leur crise. Ils sont arrivés à se mettre d'accord pour un désistement et un départ du gouvernement", a dit Benkirane en allusion aux islamistes d'Annahda du leader Rachid Ghennouchi. "Il s'agit d'une volonté (désistement) qu'on ne retrouve même pas en démocratie, a-t-il estimé. Je demande également à nos frères égyptiens de privilégier le dialogue".
Benkirane a longuement défendu le modèle marocain. Même le modérateur a mis l'accent sur cette originalité marocaine. "Quand le printemps arabe est arrivé, la rue (au Maroc) a bougé comme elle a bougé en Tunisie et en Egypte mais à un niveau inférieur et la raison est simple: les dysfonctionnements étaient chez nous d'un niveau moindre", a-t-il souligné. "En toute clarté et franchise et ce n'est pas parce que je suis chef du gouvernement que je vous dis cela, sa Majesté le roi, en moins de 20 jours, a satisfait dans son discours du 9 mars les revendications du mouvement politique et ce depuis l'indépendance".
La satisfaction a concerné "la démocratie, les prérogatives du chef du gouvernement, les droits de l'Homme, les libertés et le peuple a composé. Les peuples sont sages et compréhensifs", a conclu le chef du gouvernement.