"Filière marocaine": la justice française désavoue Gérard Collomb

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Contrairement aux affirmations tendancieuses du ministre français de l'Intérieur, les deux hommes arrêtés suite à la découverte d'explosifs à Villejuif, près de Paris, n'ont rien de marocain et n’ont jamais mis les pieds au Maroc. Explications.

Le 11/09/2017 à 14h29

Le procureur de la République, François Molins, a parlé, hier dimanche 10 septembre. Et on en sait un peu plus sur les ramifications et l'identité des personnes arrêtées dans le cadre de la découverte d'explosifs à Villejuif, près de Paris. Une chose est désormais certaine: la thèse défendue par le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb, et établissant un lien entre les attentats de Barcelone et Cambrils et la découverte de Villejuif, est totalement fausse. Idem pour son assertion à la légèreté déboussolante liant les deux événements à de soi-disant filières terroristes qui remonteraient du Maroc.

Et pour cause. Les deux personnes arrêtées n'ont aucun lien avec le Maroc. L'un se nomme Ali Mohammed Rahmani et il s'agit d'un Franco-Algérien, né en France, âgé de 36 ans et jusqu'ici inconnu des services. Il avait été arrêté mercredi, quelques heures après la découverte fortuite de ce laboratoire d'explosifs dans son appartement de Villejuif. L'autre est un "Français de souche": Frédéric L., 37 ans, converti à l'islam, et qui était déjà fiché en raison de sa radicalisation. Il était domicilié au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) et était en recherche d'emploi depuis 2011, a précisé le procureur de la République, François Molins, lors d'une déclaration à la presse relayée par l'agence Reuters. Il avait également été "en relation directe" en août 2016 avec un jihadiste français qui a rejoint Daech dans la région syro-irakienne. Il a lui aussi été arrêté dans la nuit de mercredi à jeudi. Les deux hommes avaient voulu rejoindre ensemble Daech en 2015, mais leur projet avait échoué faute de contacts et d'argent.

Les enquêteurs devront encore établir si ces deux suspects avaient des liens avec des pays étrangers et s'ils ont eu des contacts avec des membres de la cellule catalane. Mais à ce stade de l'enquête, rien ne l'indique. N'en déplaise à un ministre français de l'Intérieur qui s'est empressé, jeudi 7 septembre, au micro de Jean-Michel Apathie sur France Info, d'évoquer le Maroc. Il n'avait pas hésité à établir des liens, infondés à ce jour, entre la découverte de TATP et les attentats de Catalogne. Tout comme, et avec une déconcertante légèreté, il a cité nommément le Maroc, d'où des "filières (terroristes, NDLR) remonteraient". Le tout, sans apporter la moindre preuve.

Pourtant, le premier responsable sécuritaire de la France devrait savoir que non seulement Ali Mohammed Rahmani et Frédéric L. ne sont pas marocains, mais ils n’ont jamais mis les pieds au Maroc, comme l'a appris le360. Ce qui accentue la gravité des propos de M. Collomb, censé ne jamais prononcer d'assertions à la légère et ne parler que de faits avérés. Curieusement, M. Collomb ne parle plus de la découverte d'explosifs à Villejuif depuis son passage très remarqué sur France Info. Va-t-il apprendre les vertus de la circonspection et faire preuve de la rigueur à laquelle l’astreint sa fonction?

Par Tarik Qattab
Le 11/09/2017 à 14h29