La question se pose depuis l'avènement du Parti de la justice et du développement (PJD) au pouvoir : pourquoi si peu de femmes dans le gouvernement ? Abdelilah Benkirane, certains de ses ministres et même “sa” ministre femme ont tenté d'y répondre, non sans une certaine maladresse. En gros, il n'y a là aucune volonté d'écarter les femmes du cercle de décision, mais l'absence de femmes dans ce gouvernement reflète un manque de compétences. Botheïna Gribaa, elle, a un tout autre avis sur la question. La coordinatrice de projet au Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche et ancienne présidente de la Chaire de la condition féminine à l’Unesco pointe en premier lieu des facteurs culturels. Pour elle, "l’homme arabo-musulman a toujours cru que la politique s’adressait à lui".
Triste constat
Même s'il pourrait être plus "apte à céder pour le secteur économique, l'homme considère que le politique est son fief et que les femmes n'y ont pas leur place". Elle reconnaît cependant que "les femmes ne sont pas assez bien outillées et manquent de formation politique".
Triste constat d'une réalité loin d'être exclusive au Maroc puisqu'elle concerne également d'autres pays arabes. Deux femmes ministres sur 36 dans le gouvernement égyptien, 3 sur 42 en Tunisie et 2 sur 34 en Libye. Des chiffres qui ne laissent pas de marbres. "Il n’y a tout simplement pas de représentation politique de la femme ! Elles ont été oubliées et écartées lors des nouvelles élections arabes", s’indigne Khadija Mohcen Finan, chercheuse associée à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste du Maghreb et des questions méditerranéennes. Dans quasiment tous les pays qui ont vécu, de près ou de loin, le Printemps arabe, force est de constater que la femme est loin d'être correctement représentée.