L'appel, jeudi à Strasbourg, de la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, en faveur du recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf "met, encore une fois, l'Algérie face à ses responsabilités éthiques et morales", a déclaré à la MAP, Peter Pham, Directeur de l'Africa Center, relevant du prestigieux think tank, Atlantic Council.
"Ce recensement tant souhaité par la communauté des nations, conformément aux dispositions pertinentes du droit international, est d'autant plus nécessaire et urgent que le rapport de l'Office anti-fraude (OLAF), organisme relevant de la commission de l'UE, avait mis le doigt sur les détournements, à l'échelle industrielle et depuis des années, des aides humanitaires destinées aux populations parquées dans des conditions inhumaines, au sud-ouest de l'Algérie", a souligné M. Pham.
La communauté internationale "a besoin de savoir le nombre exact de ces populations, sachant qu'une grande majorité de personnes vivant dans les camps de Tindouf n'ont aucun lien avec les provinces du sud et ne peuvent se prévaloir de descendance de Sahraouis marocains", a-t-il fait observer.
"Il est en effet absurde que des aides soient sollicitées de la communauté internationale sans que celle-ci ne soit en mesure de savoir le nombre exact des populations dans les camps de Tindouf qui sont censées bénéficier de cette aide", a poursuivi cet expert US, en insistant qu'"il est grand temps que cesse cette supercherie".
L'Algérie maintient cette "crise artificielle autour de la marocanité du Sahara pour des raisons que tout le monde connaît, alors qu'il existe une solution pratique, à savoir le plan d'autonomie au Sahara, sous souveraineté marocaine, qui garantit une vie digne aux populations du Sahara et qui affranchit les populations séquestrées contre leur gré à Tindouf du cynisme et de l'exploitation à des fins politiques du régime algérien et du polisario", a-t-il affirmé.
La vérité sur le détournement de l’aide
Le directeur général de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris (OEG) Charles Saint-Prot a quand à lui souligné jeudi, qu'il est temps de faire la vérité sur le détournement d'une grande partie de l'aide humanitaire internationale au profit des chefs du polisario et de caciques algériens.
L'expert français a affirmé qu'il s'agit d'une position "claire et déterminée" de la part d'une responsable de l'Union européenne qui est l'un des principaux donateurs d'aide humanitaire aux personnes des camps de Tindouf sous contrôle algérien.