La faillite de l'Algérie fait l'unanimité internationale. Renseignements, départements des Affaires étrangères, instituts d'études stratégiques et autres think tanks sont en effet unanimes pour mettre en garde contre l'écroulement du voisin de l'est. Le bon sens veut que ces mises en garde, argumentées et fondées, soient prises au sérieux par le régime en place à Alger. Il ne faut d'ailleurs pas être un spécialiste de la géopolitique pour le constater, l'Algérien lambda qui subit déjà dans sa chair et (son portefeuille) les effets de cette faillite annoncée, le crie haut et fort sans que ses cris de détresse trouvent une oreille attentive du côté du luxueux Club des Pins, à Alger, où sont tapis les apparatchiks à l'origine de l'effondrement de son pays, pour ne pas parler de la résidence médicalisée du président Bouteflika, à Zéralda, non loin de la capitale.
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Dans un message adressé à la Nation, à l'occasion de la "Journée des martyrs", célébrée le 18 février, le chef d'Etat algérien, si tant est qu'il y en ait encore un, a en effet eu recours, -et quel recours!-, à la théorie du complot pour expliquer ce déluge de mises en garde internationales contre l'effondrement du régime algérien. Une explication dont la longévité équivaut à celle d'un régime fondé sur cette imposture de "l'ennemi extérieur", servie à toutes les sauces et en toutes circonstances, à ce détail près que, une fois n'est pas coutume, cet "ennemi" supposé provenir d'"outre-mer", comme l'a pointé Bouteflika, a des contours géographiques indéfinis, après qu'il a souvent été situé à la frontière ouest de l'Algérie, en l'occurrence le Maroc, ou du côté de l'ancienne puissance coloniale!
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Mais passons, car l'heure est grave. Autant que l'état d'un régime, qui court inéluctablement à sa faillite. Au lieu de faire face aux problèmes et à la faillite du système algérien qu'il a lui-même enterré en donnant une orientation stupéfiante vers une économie de marché, sans prendre les précautions salutaires qui s'imposent, Bouteflika et ses ouailles crient au "complot" contre l'Algérie. Une recette toute faite tartinée au fil du règne des Bouteflika, mais qui risque cette fois de très mal passer tellement elle ne convainc plus personne, y compris et surtout dans les rues d'Alger, Tizi Ouzou, ou Blida, entre autres chaudrons de ce vaste et néanmoins peu sûr pays, qui commencent déjà à gronder.
Il n'y a que Bouteflika et ses ouailles à ne vouloir rien entendre, rien voir. Ils continuent suicidairement à faire la sourde oreille à tous ces rapports qui tirent la sonnette d'alarme sur les perspectives noires d'un système qui importe tout et n'exporte que les hydrocarbures (98% des exportations et 60% des recettes de l'Etat). Le seul "exploit" à mettre à l'armoirie de ce système grabataire, à des années lumière des changements géostratégiques que connaît le monde, pour ne pas parler uniquement des préoccupations des "Fakakirs" algériens (c'est le terme du premier ministre Abdelmalek Sellal, himself! qui a créé un barbarisme en substituant au pluriel de foukaraa (les pauvres) fakakirs), est l'exportation des patates!
Pourquoi les organismes étrangers vont donc ourdir un complot contre l’Algérie? Pourquoi ce pays et pas un autre? Question de bon sens…Alger ferait mieux de se préparer à des années noires et à renoncer à piller son peuple pour engraisser le Polisario et dépenser sans compter pour contrer le Maroc au lieu de persister dans une politique qui va inéluctablement entrainer le pays vers sa faillite. Le scénario vénézuélien est plus proche que jamais. A l'instar de la dictature léguée par Hugo Chavez à son successeur Maduro, le régime algérien a réuni tous les ingrédients de son propre effondrement: dépendance quasi-totale aux énergies fossiles, achat de la paix sociale à coups de milliards de pétro et de gazo-dollars, -un luxe qu'il ne peut plus se permettre après l'effondrement des cours-, corruption quasi-institutionnalisée, sous-développement du système bancaire, évasion fiscale, économie informelle et, last but not least, cette "diplomatie du portefeuille" destinée à l'achat de soutiens internationaux pour entretenir cette grossière imposture nommée "RASD", -plus de 300 milliards de dollars jusqu'ici gaspillés !-, au détriment du bon voisinage avec le Maroc et surtout au dépens du peuple algérien frère qui n'est concerné ni de près ni de loin par cette affabulation dite "droit du peuple sahraoui à l'autodétermination"!
L'on vous fait grâce des 800 milliards de dollars engrangés sous le règne des Bouteflika (1999-2017), mais qui se sont évaporés sans que les détourneurs, en uniforme ou en civil, aient eu un jour à en rendre compte, à la faveur d'une impunité qui semble être érigée en "politique d'Etat" dans un pays ravagé par la corruption!
Voilà des vérités lancinantes sur lesquelles Bouteflika et ses ouailles croient pouvoir faire l'impasse, allant jusqu'à intimer, comme l'a récemment fait le ministre Ramtane Lamamra, dictaphone d'un régime en rupture de ban, aux médias de ne pas relayer les vérités assénées dans les rapports internationaux, et dont les auteurs, situés par Bouteflika "outre-mer", sont traités de "délateurs, "adeptes du chaos", esprits sceptiques et malveillants tendant à occulter les acquis réalisés au profit du peuple"! Seulement voilà, les faits sont têtus. Et ce n'est surtout pas l’American Entreprise Institute qui dira le contraire.
"L'Algérie est «mûre» pour l'effondrement" !, estime l’American Entreprise Institute
"N’en déplaise au pouvoir et ses relais, les études, rapports et publications outre-mer continuent et continueront à traiter le cas algérien, ne serait-ce que pour leurs propres besoins économiques et géopolitiques", certifie le Matin d'Algérie. "Le moins que l’on puisse dire, depuis déjà plusieurs mois, est que le pessimisme, voire le catastrophisme de ceux-ci, est plus qu’alarmant, tant ils sont unanimes à considérer que la situation actuelle augure de lendemains inquiétants pour Algérie. La politique de l’autruche qui consiste à continuer d’ignorer les questions de fond et à vouloir endormir les Algériens à coups de slogans creux n’avance à rien. Ils ne rassurent plus personne, car la réalité que dressent les instituts étrangers sont autant de sonnettes d’alarme pour les sourds que nous sommes devenues", assène notre confrère algérien, au risque d'effaroucher le très épidermique Lamamra, qui a fait de l'hostilité anti-marocaine le principal sujet de sa politique étrange!
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"En à peine un mois, trois instituts américains de renoms, reconnus mondialement pour leur sérieux, ont fait le même constat: l'absence d’un chef d’Etat va conduire le pays à l’implosion", constate le matin d'Algérie. En effet, et après The Global Risk Insights et The Washington Institute for Near East Policy, voici l’American Entreprise Institute (AEI) qui avance dans un rapport publié le 16 février 2017 que "l'Algérie est «mûre» pour l'effondrement". Pour cet institut américain, "l'Algérie est aujourd'hui dans une situation très similaire à la Libye, Tunisie et l'Egypte en 2010. Avec un taux élevé de chômage des jeunes, un système bancaire corrompu, des programmes de protection sociale insoutenables et une classe dirigeante ossifiée présidée par un dictateur en difficulté, l'Algérie est mûre pour l’effondrement", a diagnostiqué l'Institut américain.
L'American Entreprise Institute prévient les pays européens que la question n’est pas de savoir si l’Algérie va s’effondrer mais quand. "Si, ou quand, l'Algérie s'effondrera, l'Occident doit être préparé à de graves conséquences économiques et sécuritaires", martèle l'AEI, prévenant que l'effondrement de l'Algérie sera un "sésame" pour Al-Qaïda, entre autres organisations terroristes bien implantées sur le sol algérien, dont certaines bénéficient même de la bénédiction des services algériens, le cas échéant les Ansar Eddine, dirigés par le terroriste algérien Liad Ag Ghali, pour ne pas parler de Mokhtar Belmokhtar, fidèle habitué des couloirs feutrés du département du renseignement et de la sécurité (DRS), avant que ce dernier ne soit démantelé sur une décision du président Bouteflika.
Vue de ce côté, la faillite du voisin algérien ne peut être que préoccupante. Le Maroc devrait se préparer dès maintenant à la déliquescence du régime algérien. Une déliquescence qui s'avère inévitable. Il n'y a pas de complot extérieur des organismes internationaux contre l'Algérie. Il y a un régime où tout part en vrille: politique, économie, finances... L'onde de choc de l'implosion du régime mis en Algérie frappera durement le Maroc. Nous ne le répéterons jamais assez fort: le Maroc devrait prendre très au sérieux les conséquences désastreuses (pour nous aussi!) de l'effondrement du régime algérien. Et surtout s'y préparer.