Si la loi interdit la transhumance des élus durant leur mandat, elle reste cependant muette sur ce "mercato" effréné qui s'organise à la veille des élections. Ce type de migration fait désormais partie intégrante de nos mœurs politiques. Et, dans sa version de ce mercredi 22 juillet, Al Khabar nous le rappelle en citant deux députés, et non des moindres, qui viennent de quitter le parti de la rose pour la colombe de Salaheddine Mezouar, une année même avant les législatives de 2016. La députation est hors compétition, cette année, mais les communales et les régionales peuvent servir de tremplin pour 2016 à ces deux vieux routiers de la politique. Il s'agit de Hassan Derham, de Laâyoune, qui vient de déposer sa démission sur le bureau de Rachid Talbi Alami, le patron de la Chambre des représentants, et de Said Chbaatou, président du conseil régional de Meknès-Tafilat, qui a de même endossé le maillot bleu du RNI au détriment du rose de l'USFP. L'USFP qui ressort donc affaiblie par ces départs, dont celui du maire d'Agadir, Tarek Kabbaj, qui a rejoint les rangs des contestataires socialistes, au sein du nouveau parti "Alternative démocratique" (AD) qu'il préside provisoirement.
Abdelaali Doumou et Ali El Yazghi font aussi partie de ceux qui ont claqué la porte de l'USFP en fondant l'AD, selon le journal. D'autres députés ex MP, comme Abdelkader Tatou, Nabil Belkhayat, ou Abdelhak Chafik attendent la fin de cette législation pour présenter leur démission.La Chambre des conseillers n'a pas été non plus épargnée par ce "mercato". Al Khabar cite ainsi les noms de conseillers qui ont changé de «clubs politiques». Abdelkébir Bourkiya, président "haraki" de la région de Rabat, s'est affilié au RNI, tout comme El Hachmi Samouni et Ibrahim Fadli.
Le quotidien arabophone signale à ce propos l'article 20 du règlement intérieur de la Chambre des représentants qui stipule que "tout élu changeant d’étiquette politique au cours de son mandat est rayé de la députation" et doit, dans un délai de 15 jours suivant son départ, motiver par écrit sa décision. A défaut, le Conseil constitutionnel se charge de confirmer ou infirmer la démission du député, toujours selon le journal. Ce dernier rappelle que l'article 20 de la loi relative aux partis politiques est intraitable au sujet de la migration quand celle-ci a lieu durant l'exercice des mandats: "Tout membre du parlement, des conseils de collectivités locales ou des chambres professionnelles qui change son appartenance politique au profit d'une autre perd automatiquement son mandat d'élu". L'article 60 de la constitution prévoit la même sentence. Mais, en cette période de pré-campagne électorale, la transhumance semble tolérée.