On croyait Agadir et ses environs définitivement et irrémédiablement acquis à l’USFP. Une sorte de bastion fortifié dont aucun parti rival n’aurait pu le déloger. Il n’en est rien. La guerre fratricide que les ténors ittihadis se sont livrés depuis leur dernier congrès national y a laissé d’inguérissables estafilades.
L’homme fort sur lequel ils fondaient tous leurs espoirs gadiris, Tarik Kabbage, a non seulement claqué la porte de son ancienne formation politique, mais il en aussi créée une nouvelle. Une volte-face dont le débarquement en force du premier secrétaire du parti de la rose, Driss Lachguar, à Agadir et le traitement particulier qu’il a réservé à la région actuellement dénommée Souss-Massa durant la campagne électorale n’ont pu ni gommer les aspérités de la lutte intestine qui a fait l’effet d’une purge sur le parti, ni minorer ses effets.
De fait, pour comprendre les bérézina d’Agadir Idda Outanane, Chtouka-Ait Baha et Inezgane Ait- Melloul, il faut se remémorer ce qui est advenu de la FDT lors des dernières élections des Chambres professionnelles.
Bicéphale, vidé de sa consistance et expulsé de la cour des grands, ce bras syndical de l’USFP n’est plus que l’ombre de lui-même. Tout comme le secrétariat régional d’Agadir qui, en bonne machine électorale, arrivait, bon an mal an, à fédérer les forces des militants et sympathisants dans l’objectif d’appeler le maximum de citoyens à voter et, surtout, à donner leur voix à l’USFP.
La preuve : lors des élections communales de 2009, le taux de participation enregistré dans la préfecture d’Agadir-Idda Outanane était au pic, et Tariq Kabbage avait facilement rempilé haut la main pour un deuxième mandat.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Les résultats des dernières élections communales et régionales en attestent allégrement. Le PJD y a, en effet, raflé 33 des 65 sièges en lice suivi du PAM et des SAP avec 10 sièges chacun, le RNI et l’USFP, se contentant de fermer la marche avec 6 sièges par formation.
Idem pour Chtouka-Aït Baha où le PAM s'est adjugé la part du lion avec 141 sièges sur les 448 à pourvoir.
Pour sa part, le parti de l'Istiqlal (PI) y a obtenu 132 sièges suivi du Parti de la justice et du développement (PJD) avec 74 sièges, du Rassemblement national des indépendants (RNI) avec 35 sièges, de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) avec 30 sièges) et de l'Union constitutionnelle (UC) avec 18 sièges ; l'USFP et le PPS fermant la marche avec respectivement 10 et 8 sièges.
Concernant la représentation de Chtouka-Aït Baha au sein du Conseil de la région Souss Massa qui compte 8 sièges, le PI, le PAM et le PJD en ont remporté chacun 2, alors que le RNI et la FDG ont obtenu un siège chacun.
La préfecture d'Inezgane-Aït Melloul s’est, elle aussi, détournée de ses anciennes amours pour s’offrir au PJD en lui accordant 116 des sièges mis en lice. Une sorte de raz-de-marée qui a permis à ce dernier, et selon les résultats provisoires annoncés samedi par le ministre de l'Intérieur, de dominer les grands centres urbains en obtenant la majorité absolue ou la première place tant à Agadir que dans d’autres villes clés comme Rabat, Casablanca, Fès et Tanger.