Ce conclave, réuni au siège du ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération (Dirco) à l'initiative de l'Afrique du Sud et la Namibie, dans le cadre de la Communauté de Développement d'Afrique australe (SADC), n'a réuni que 16 pays africains, contre l'attente de ses organisateurs.
La consternation était palpable sur les visages des séparatistes du polisario et leurs mentors algériens et sud-africains, qui sont allés puiser dans leurs alliances idéologiques dépassées dans une tentative d'étoffer le parterre dégarni de leur conférence.
Dès le début de la rencontre, les yeux, y compris des responsables de Dirco, étaient rivés sur Marrakech où s'était donné rendez-vous la majorité des pays africains pour débattre, d'une manière sereine et décomplexée, de l'appui de l'Union africaine au processus en cours sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en vue de trouver une solution au conflit régional créé autour de l'intégrité territoriale du Maroc.
Les observateurs indépendants n'ont pas manqué de relever que la rencontre de Pretoria avait perdu toute crédibilité dès le départ d'abord en raison du choix de ses initiateurs de se focaliser sur le soutien aux thèses des séparatistes et l'implication de l'UA dans une affaire qui relève du ressort exclusif de l'ONU.
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Les journalistes couvrant la conférence, des Sud-Africains dans leur plus grande majorité, ont constaté le désarroi du président namibien, Hage Geingob, qui a dirigé les débats lors de cette rencontre en sa qualité de président en exercice de la SADC.
A un journaliste qui s'interrogeait si la conférence de Pretoria n'était pas une ingérence et une tentative de brouiller les cartes de l'ONU qui s'active à faire avancer la question vers une solution qui prend en compte les impératifs de l'intégration en Afrique, le président namibien n'a pas trouvé mieux que de ressasser un discours qui ne convainc plus personne: à savoir la lutte contre un soi-disant colonialisme qui n'existe que dans les esprits chagrins de mouvements qui tirent l'Afrique vers le bas. Un analyste européen, présent lors de la rencontre de Pretoria, a indiqué, sous couvert de l'anonymat, que la conférence de Marrakech a montré dans quelle direction le vent souffle actuellement en Afrique.
D'après lui, le Maroc a réussi, grâce à une approche sereine et un travail de fond, à convaincre de nombreux pays africains de la justesse de sa cause.
Le nombre de pays africains qui ont fait le déplacement au Maroc par rapport à celui qui a préféré se rendre à Pretoria est la parfaite illustration de cette nouvelle donne qui est en train d'émerger en Afrique, a dit l'expert des questions africaines. Il souligne qu'il était aussi révélateur de constater que même des pays d'Afrique australe ont pris part à la conférence de Marrakech tout en abaissant le niveau de leur représentation lors de la rencontre de Pretoria.
Même dans les rangs des Sud-Africains, les journalistes présents ont fait part d'une incompréhension de l'entêtement de l'Afrique du Sud, dirigée par l'ANC, à harceler le Maroc sur une question soumise aux Nations-Unies.
Pour eux, Pretoria s'inscrit dans un anachronisme qui aggrave le déficit dont souffre le pays au niveau de son image sur le continent, une image qui n'honore pas, selon eux, la mémoire du père fondateur de cette jeune nation africaine, Nelson Mandela. Avec la crise économique et sociale qui bat son plein dans le pays, avec des taux de chômage et de pauvreté en perpétuelle hausse, Pretoria se doit de se libérer de cet anachronisme et tendre la main aux pays qui œuvrent véritablement pour le développement du continent.
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Par ailleurs, Pretoria a été incapable d'accepter le fait que la voix de la raison, que le Maroc représente, commence à percer même dans son propre fief régional, l'Afrique australe. Les dirigeants de Dirco ont mobilisé un de leurs hauts responsables pour s'en prendre au Malawi voisin pour sa décision de participer à la conférence de Marrakech.
Ce responsable, Thami Ka Plaatjie, d'ailleurs membre d'un panel de haut niveau mis en place par Pretoria pour réviser sa politique extérieure, s'est fendu d'une tribune libre dans un journal local pour lancer une attaque virulente contre ce pays, lui rappelant «l'aide que lui a apportée l'Afrique du Sud suite au cyclone Idai».
Les propos du responsable de Dirco rappellent cette image hégémonique du pays arc-en-ciel, évoquée par la grande experte sud-africaine des questions du continent, Liesl Louw-Vaudran, dans son best-seller «South Africa in Africa: Super power or Neocolonialist» (L'Afrique du Sud en Afrique: Superpuissance ou néocolonialiste), dans lequel elle fait la lumière sur cette Afrique du Sud de l'ANC qui a tenté depuis 1994 de soumettre son voisinage anglophone à son hégémonie, balayant d'un revers de la main les sacrifices consentis par ces pays, et par d'autres nations africaines, pour aider le peuple de Mandela à se libérer du joug du régime raciste de l'apartheid. Un diplomate d'un pays d'Afrique australe et grand connaisseur de la région, en particulier l'Afrique du Sud où il est en poste depuis plusieurs années, confie que les raisons de l'acharnement sud-africain contre le Maroc sont d'ordre idéologique: l'ANC, qui conduit le pays, n'arrivant toujours pas à se défaire de son image de «mouvement de libération».
En plus, l'Afrique du Sud «regarde d'un mauvais œil les percées du Maroc dans le continent, en particulier ses avancées économiques», indique le diplomate, soulignant que «ces avancées dérangent certains responsables de l'ANC, en particulier son ancienne garde».
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Et le diplomate d'ajouter que l'absence d'un ambassadeur marocain à Pretoria depuis 2004 a laissé le terrain libre à l'Algérie pour s'enraciner davantage dans les arcanes sud-africains, au sein de l'ANC et dans les milieux des médias, où Alger dispose d'un certain nombre de relais.
Force est de constater qu'en dépit de l'hostilité qui planait sur la conférence de Pretoria, les participants ont été incapables de transcender la réalité qui s'impose sur l'échiquier continental: celle d'un Maroc qui a depuis toujours tendu la main à l'Afrique, continent d'appartenance et prolongement naturel du Royaume.
Le président ougandais, Yoweri Museveni, qui a donné libre cours à son hostilité envers le Maroc, dans une intervention devant la conférence, n'a pas pu omettre le rôle du Royaume pour la libération de l'Afrique depuis son indépendance en 1956. Il a été contraint de rappeler la conférence de Casablanca, réunie un 4 janvier 1961 par feu Mohammed V pour adopter la Charte de Casablanca pour une Afrique libre. A son tour, la ministre namibienne des Relations extérieures et de la Coopération, Netumbo Nandi-Ndaitwah, dont le pays a présidé la conférence de Pretoria, n'a pas pu non plus esquiver cette réalité, soulignant, contre le gré de ses alliés présents dans la salle, que «notre pays frère, le Maroc, en tant que membre de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA/ancienne UA) a apporté son soutien aux peuples qui luttaient pour l'indépendance nationale».
C'est dire que désormais les initiateurs de ce simulacre de conférence de Pretoria doivent revoir leurs cartes et s'inscrire dans la nouvelle dynamique continentale au lieu de rester prisonniers d'une logique révolue qui n'a fait que retarder le décollage de tout le continent.