Après s’être absenté à deux audiences successives, sous prétexte d’assister à des séances parlementaires importantes, le député RNI Mohamed Kandil a finalement comparu lundi dernier devant le juge d’instruction de la première chambre chargé des crimes financiers près la cour d’appel de Fès. Il était accompagné d’un conseiller communal et d’un homme d’affaires, tous les trois poursuivis, rapporte le quotidien Al Akhbar du vendredi 1er novembre, pour détournement et dilapidation de biens publics dans la commune de Sidi Harazem, que Mohamed Kandil a présidée trois décennies durant avant sa démission il y a tout juste deux mois.
À l’issue de cette comparution, le juge d’instruction a décidé de convoquer les trois présumés accusés de détournement de deniers publics pour une seconde audience, prévue le 11 novembre. Pour profiter d’une poursuite en état de liberté, Mohamed Kandil et l’homme d’affaires, dont Al Akhbar ne cite pas le nom, ont versé une caution de 30.000 dirhams chacun, alors que le conseiller communal, que le journal identifie par ses initiales «M.M», a payé une caution de 25.000 dirhams. Ce dernier occupe actuellement la fonction de vice-président du conseil provincial de Fès, alors que Mohamed Kandil n’est devenu député que parce qu’il était le suppléant de Rachid El Fayek, actuellement en prison à l’issue d’une condamnation à huit ans ferme dans une affaire similaire, récemment jugée.
Al Akhbar précise que c’est le procureur du Roi près la cour d’appel de Fès qui a renvoyé Mohamed Kandil devant le juge d’instruction à l’issue d’une enquête menée par la brigade judiciaire de la gendarmerie royale de Sidi Harazem. Les investigations menées par la cour régionale des comptes avait détecté nombre de malversations au niveau de la gestion de la commune de Sidi Harazem.
De nombreuses plaintes et dénonciations seraient derrière ces enquêtes, concernant des marchés relatifs au complexe touristique de Sidi Harazem et sa gestion. Ainsi, une société a loué le parc de jeux de ce complexe, doté d’un petit lac, en contrepartie de 400.000 DH versés annuellement, depuis 2011, dans les caisses de la commune.
Or le patron de ladite société vit à l’étranger et n’est autre que le gendre du conseiller «M.M», qui gère directement le parc avec son épouse, tout en étant déclarés comme des salariés de la société et inscrits en tant que tels à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
Selon les dénonciateurs de ce contrat de location, le conseiller et Mohamed Kandil seraient liés par des intérêts occultes au sein de la société qui gère le parc de jeux. Pire encore, cette société s’est lancée dans une concurrence déloyale contre une entreprise qui a loué la piscine municipale de Sidi Harazem à 1,4 million de dirhams annuels. En effet «M.M» gère illégalement des piscines sur place ainsi que des restaurants.
Cette affaire a été portéé devant le wali de Fès et le médiateur du royaume, et une décision de démolition a été ordonnée en 2016 pour mettre fin à ces activités illégales. Mais il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg, car le procès de ce trio concernerait d’autres affaires beaucoup plus graves.