L’apaisement qui a marqué la rencontre entre Saâd-Eddine El Othmani et les syndicats n’aura finalement duré que 48h. El Miloudi Moukhariq, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), l'une des centrales syndicales les plus influentes, a tiré à boulets rouges sur le chef du gouvernement lors d’une activité syndicale à Agadir, de quoi faire la Une des principaux quotidiens de ce lundi 25 septembre.
Al Massae affirme que El Moukhariq a été agressif envers le chef du gouvernement. «Nous n’avons pas à faire des revendications au gouvernement. Il les connaît déjà toutes», a-t-il d'ailleurs déclaré. Pour le syndicaliste, ajoute le quotidien, il est hors de question que le dialogue social redémarre à zéro. Et la récente réunion avec l’Exécutif, organisée suite à une invitation du chef du gouvernement, ne le rassure en rien. «Nous avions deux options: refuser l’invitation. Ou bien l’accepter pour avoir une idée de ce que compte faire le gouvernement. Nous avons choisi la seconde option», a-t-il affirmé, ajoutant que les syndicats, et particulièrement l’UMT, attendent des signaux forts de la part de Saâd-Eddine El Othmani.
Al Ahdath Al Maghribia est également revenu sur cette sortie de Moukhariq qui, affirme le quotidien, a adopté un très ferme, notamment lorsqu’il a évoqué les intentions de l’Exécutif. Selon lui, le gouvernement El Othmani souhaiterait réformer le code du travail au détriment des salariés dont «le sort sera mis entre les mains des patrons». Et Al Ahdath Al Maghribia de souligner que le syndicaliste a plaidé en faveur de l’actuel code du travail qui préserve les droits des salariés. Tout ce que le gouvernement a à faire, précise-t-il, est de «veiller à l’application stricte de ces dispositions».
Le quotidien rapporte également que le SG de l’UMT estime que le gouvernement se cache derrière le prétexte de la nécessité d’un code du travail plus flexible, et ce dans le seul but de rendre service au patronat qui réclame justement cette flexibilité depuis plusieurs années. El Miloudi EL Moukhariq est allé encore plus loin en décrivant El Othmani comme «l’élève studieux qui adopte à la lettre les consignes des instituteurs internationaux», allusion faite aux recommandations du Fonds monétaire international, qui penche également pour la flexibilité du travail.
De son côté, Assabah révèle que El Miloudi El Moukhariq accorde au chef du gouvernement un délai de 20 jours pour le lancement effectif d’un dialogue social sérieux et équilibré, faute de quoi le syndicaliste menace de monter au front et de recourir à l’arme fatale des centrales syndicales: la grève générale. Dans une déclaration au quotidien, El Moukhariq annonce d'ailleurs que la centrale syndicale qu’il dirige se prépare à toutes les éventualités, sans exclure celle de descendre dans la rue pour réclamer le respect des droits des travailleurs.
Ceux qui croyaient donc à un climat plus apaisé après la rencontre entre le chef de l’Exécutif et les centrales syndicales, la semaine dernière, n'auront pas rêvé longtemps. Les prochains rounds du dialogue social pourraient être bien tendus.