Pour tenter de sortir de l’illégalité dont son association est frappée, le mouvement islamiste radical, Al Adl Wal Ihsane, ne rate jamais le moindre rassemblement ou marche pour faire descendre ses ouailles dans la rue. Cela s’est confirmé une nouvelle fois ce dimanche 21 avril à Rabat, lors de la marche des familles venues d’Al Hoceima visant à demander la libération de Nasser Zefzafi et ses compagnons.
«Ceci n’est pas une marche, mais plutôt une guerre!». Tel est le commentaire d’un participant à la marche de Rabat, comme rapporté par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi 22 avril. Sous le titre «Concurrence pour un leadership imaginaire», le quotidien arabophone écrit que la marche de Rabat était organisée à l’appel d’organisations diverses, mais avait prévu un seul slogan exigeant «justice et liberté» pour les détenus d’Al Hoceima. Or, on a finalement assisté à trois marches différentes, chacune avec ses propres slogans et banderoles: celle des familles des détenus d’Al Hoceima, celle de la gauche radicale puis celle d’Al Adl Wal Ihsane. Résultat des courses: Ahmed Zefzafi, le père du détenu éponyme, qui voulait que les marcheurs «iconisent» son fils à travers des slogans en son nom, a été relégué au troisième rang à cause des intrus. Ces derniers ont non seulement tenté de profiter de cette marche pour se donner un peu de visibilité, mais ont surtout, selon Al Ahdath, voulu saboter certaines initiatives de bons offices que comptent mener des associations des droits de l’homme dans l’affaire des détenus d’Al Hoceima.
Avec certains slogans identitaires et régionalistes, portés par des politiciens radicaux et diamétralement opposés idéologiquement, on aura tout vu dans cette marche, sauf le drapeau national, déplore Al Ahdath.
Du côté du quotidien Akhbar Al Yaoum, c’est un tout autre son de cloche, puisque ce canard n’a vu que des «centaines de manifestants à Rabat qui exigent la fin de la hogra!». De divisions, de la nature des participants et autres slogans de la marche, pas le moindre mot. A la décharge du journal, le fait, comme il le titre lui-même d’ailleurs, que la marche au profit des détenus d’Al Hoceima a exigé la libération du détenu d’Aïn Borja, non encore jugé en appel celui-là, Taoufik Bouachrine.
Pour sa part, le quotidien Assabah accuse ouvertement Al Adl Wal Ihsane d’avoir à nouveau surfé, comme à son habitude, sur la vague d’un rassemblement populaire qui ne le concerne en rien, juste à des fins de surenchère politique. Chiffres à l’appui, le quotidien avance que sur les 6000 personnes qui ont marché dimanche à Rabat, 80% sont des affidés de la mouvance islamiste radicale.
Un noyautage d’autant plus encombrant que la majorité des familles hoceimies, qui ont défilé à Rabat, ne voulait en réalité que demander le pardon et la grâce pour ses enfants égarés.