Quelle frustration! Le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères de ce jeudi 12 mai est un mélange de dépit, de jalousie, de rage, de frustration et d’isolement. Ce communiqué qui ferait un bon sujet pour une psychanalyse d’un régime névrosé et dépassé par les enjeux géopolitiques est de tous points de vue pathétique.
Les faits qui nous ont valu la crise de nerfs des dirigeants algériens? 79 pays venant des quatre coins du monde, plus de 400 participants dont 47 ministres et 38 chefs de la diplomatie, ont participé à la réunion ministérielle de la Coalition mondiale contre Daech, tenue, la veille, mercredi 11 mai à Marrakech.
Organisée sous l’initiative conjointe du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et son homologue marocain, Nasser Bourita, cette rencontre internationale a connu un si grand succès que le régime algérien s’est mordu les doigts d’avoir rompu de façon unilatérale ses relations diplomatiques avec le Maroc. En effet, il n’a pas eu l’occasion de «vendre» sa grande expérience dans la lutte contre le terrorisme et sa réussite à innover en créant durant la décennie noire un nouveau genre –tout le monde assassine tout le monde– immortalisé sous l’appellation de «qui tue qui?». Cette expérience rare dans les massacres de masse, le régime algérien n’a pas pu en parler à Marrakech.
N’étant pas arrivé par la grande porte dans la belle ville ocre, le chef de la diplomatie algérienne s’y est tout de même invité… par la petite porte.
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Dans une déclaration officielle publiée ce jeudi 12 mai par le ministère algérien des Affaires étrangères, l’APS (agence officielle algérienne) rapporte que «l'Algérie a dénoncé le détournement par le Maroc de l'objet de la Conférence internationale pour la lutte contre le groupe terroriste Daech, qui vient de se tenir à Marrakech, pour en faire un évènement consacré à la question du Sahara occidental».
Selon cette déclaration, «la Conférence internationale pour la lutte contre le groupe terroriste Daech qui vient de se tenir à Marrakech a donné lieu à un vacarme de déclarations orchestrées par le pays-hôte qui s’est employé à faire dudit rassemblement un évènement consacré au Sahara occidental».
En apparence, ce sont les soutiens, en particulier des Pays-Bas et de la Roumanie, au plan d’autonomie présenté par le Maroc pour trouver une solution au différend du Sahara qui ont fait enrager l’Algérie.
Cela ressort clairement du libellé de la déclaration du ministère des Affaires étrangères algérien, qui ne cesse de se plaindre et de se lamenter, ce qui est un signe d’une pathologie grave ou, à tout le moins, d’une dépression sévère. «Le fait pour la diplomatie marocaine de courir derrière le fantôme d’une fausse solution dite d’autonomie et de tenter de pervertir la lutte anti-terroriste globale en la mettant au service de calculs étroits et égoïstes ne sert aucunement les objectifs légitimes de la communauté internationale en la matière», peut-on lire dans cette déclaration. La communauté internationale saura apprécier que le régime autarcique d’Alger parle en son nom!
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Des lamentations, le régime algérien passe aux insultes, en accusant le Maroc d’«escroquerie diplomatique», d’«entêtement», allant jusqu’à sommer «les Nations Unies et les Etats membres permanents du Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour promouvoir la décolonisation effective du Sahara occidental». Le même pays qui en appelle, aujourd’hui, aux Nations Unies semble avoir oublié qu’il y a à peine six mois, il a rejeté la résolution 2602 du Conseil de sécurité sur le Sahara. Amnésie? Inconséquence? Perte de repères? Egarement? Schizophrénie?
La rage du régime algérien, motivée par la dynamique internationale en faveur du plan d’autonomie, n’est toutefois qu’apparente. Car dans ce genre de rendez-vous, rien de plus normales que les rencontres bilatérales entre les invités et les dirigeants du pays hôte. Et il est normal que les interventions et les communiqués conjoints soient empreints par la première cause nationale.
La frustration du régime algérien est beaucoup plus profonde. Et elle ne peut s’expliquer que par la jalousie d’un pays, baptisé Algérie par la France en 1839, devant la réussite d’une nation millénaire qui sait organiser des évènements d'envergure mondiale et y attirer des hôtes prestigieux. Le «vacarme» fait autour de cette réunion internationale est d’autant plus assourdissant pour les oreilles des dirigeants algériens qu’un hôte illustre d’Alger est resté muet sur le Sahara occidental. Présent mardi dernier à Alger, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, n'a pas prononcé une seule fois le mot Sahara. Son silence est encore plus cruel que le «vacarme» de Marrakech.