Défense. Tout savoir sur le Collège royal de l’enseignement militaire supérieur, la fabrique des élites des FAR

Le prince héritier Moulay El Hassan lors de la cérémonie de sortie de la 25ème promotion du cours supérieur de défense et de la 59ème promotion du cours état-major du Collège royal de l'enseignement militaire supérieur (CREMS).

Institution centrale dans l’architecture militaire nationale, le Collège royal de l’enseignement militaire supérieur (CREMS) occupe une place singulière au sein des Forces armées royales. Héritier d’une longue tradition de formation d’élite, le CREMS est aujourd’hui un espace de maturation stratégique, un lieu de production intellectuelle et un creuset où se forment les officiers appelés à penser, concevoir et conduire la défense du Royaume dans la durée. Les détails.

Le 21/12/2025 à 15h00

C’est l’un des piliers les plus solides de la machine militaire marocaine. Le Collège royal de l’enseignement militaire supérieur (CREMS) de Kénitra forme les cadres appelés à penser, anticiper et accompagner les décisions stratégiques en matière de défense.

Tout commence avec une histoire qui remonte un peu loin. L’ancêtre du CREMS, l’École d’état-major, naît en août 1964 pour «répondre à la volonté royale de disposer d’un encadrement d’élite marocaine, capable de tenir des postes de responsabilité de haut niveau et d’accompagner la mise sur pied des composantes des FAR, créées en 1956», peut-on lire sur le 426ème numéro de la Revue des FAR.

Mais c’est en janvier 2000, sous les hautes instructions du roi Mohammed VI, chef suprême et chef d’état-major général des FAR, que le Collège royal voit le jour. «Depuis, le CREMS assure la formation des futurs leaders militaires du Royaume et de ceux des pays frères et amis. Il contribue à la préparation des officiers supérieurs d’état-major à tenir des postes de responsabilité en développant chez eux l’esprit et la compétence interarmées», fait savoir la Revue des FAR.

Dans le détail, le CREMS comprend deux niveaux (le cours supérieur de défense et le cours état-major), en plus du Centre royal des études et recherches de défense. Ici, le système de l’enseignement «s’articule autour d’un processus pédagogique intégré à trois phases, où il est d’abord question de comprendre l’environnement opérationnel et les fondamentaux méthodologiques, pour pouvoir appliquer ou opérer, grâce aux capacités et aptitudes acquises, avant de forger les compétences nécessaires pour intégrer la phase supérieure de la formation ou acquérir les normes de la professionnalité pour assurer les nouvelles responsabilités correspondant au niveau de la qualification».

C’est ainsi que les modules d’enseignements sont structurés autour d’axes propres à chaque cursus. Pensés de manière complémentaire, ces axes s’articulent principalement autour des études de défense et des études opérationnelles. Ils visent à doter les officiers stagiaires des outils intellectuels et méthodologiques nécessaires pour appréhender avec finesse aussi bien l’environnement global de la défense que celui des opérations.

Et ce, à travers une large palette de scénarios: conflits conventionnels, guerres irrégulières et hybrides, opérations de maintien de la paix ou encore gestion de crises majeures. Par ailleurs, et pour obtenir un master spécialisé en défense nationale, cette architecture garantit une stricte conformité aux standards académiques et universitaires en vigueur au sein des établissements publics d’enseignement supérieur du Maroc.

Concernant le cours état-major, il forme les futurs officiers appelés à servir au sein des états-majors d’exécution et des unités opérationnelles, en les dotant d’outils méthodologiques et intellectuels solides.

Cette formation vise à préparer les officiers à assurer efficacement des fonctions d’état-major et de commandement. Elle repose sur l’acquisition de connaissances et de compétences solides, à la fois interarmes et interarmées. Elle permet également de qualifier les stagiaires pour intégrer des états-majors d’exécution. Enfin, elle contribue à l’assimilation du profil type de l’officier d’état-major. À l’issue de ce parcours, les lauréats obtiennent le diplôme d’état-major, après avoir satisfait aux exigences d’un curriculum structuré et dispensé à la fois en enseignement à distance et en enseignement en résidentiel.

Le cours d’enseignement à distance, qui constitue la phase préparatoire du cours état-major (CEM), est dispensé en ligne via la plateforme LMS du CREMS. Il a pour objectif de préparer les stagiaires à l’accès au stage résidentiel, en leur permettant d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires à la réussite de l’examen d’entrée et à la maîtrise des exigences intellectuelles et méthodologiques propres aux études d’état-major.

Cette phase leur fournit également les bases indispensables pour tirer pleinement profit de la formation en résidentiel. Le programme s’articule autour de quatre axes principaux: méthodologie et langues, connaissances générales, histoire militaire et connaissances militaires.

La phase d’enseignement en résidentiel, quant à elle, s’étend sur une durée de dix mois, de début septembre à fin juin, au sein du CREMS. Les modules y sont organisés autour de quatre axes structurants: l’environnement international, le Maroc et son environnement stratégique, la planification et la conduite des opérations, ainsi que le commandement et le leadership.

L’objectif final de cette formation est la qualification des officiers aux fonctions d’état-major, le renforcement de leurs compétences en matière de planification et de conduite des opérations interarmes et leur initiation aux aptitudes opérationnelles interarmées.

Former les stratèges de demain

Le CREMS propose également le cours supérieur de défense. Ce cursus est destiné à préparer les futurs leaders stratégiques en leur offrant une assise solide fondée sur la maîtrise des concepts et des pratiques liés à la stratégie, aux opérations, à la sécurité nationale, à la gestion de la défense ainsi qu’au leadership et au commandement responsable.

Il vise à développer chez les officiers les capacités de réflexion et d’action, tant stratégiques qu’opérationnelles, nécessaires pour intégrer des états-majors de conception, des groupes de réflexion ou occuper des postes de commandement de haut niveau, en adéquation avec les défis contemporains.

La formation se déroule, là aussi, en deux temps complémentaires. Une première phase d’enseignement à distance, dispensée via la plateforme LMS du CREMS, constitue le socle académique du master spécialisé en défense nationale. Elle est conçue pour renforcer les compétences en matière de recherche, d’analyse et de rédaction, à travers des modules portant notamment sur la méthodologie, les langues, la stratégie et les théories de la guerre, les connaissances générales et les savoirs interarmées.

La phase d’enseignement en résidence, d’une durée de dix mois, repose sur une approche par études de cas et met l’accent sur l’environnement national, régional et international du Maroc, les questions de sécurité et de défense, la stratégie et les opérations, ainsi que le management et le leadership.

L’objectif est de qualifier les officiers pour le traitement de problématiques complexes, de consolider leurs aptitudes en matière de planification et de conduite des opérations interarmées, de nourrir la réflexion stratégique sur les enjeux de sécurité et de défense et de les préparer à exercer des responsabilités au sein des chaînes organique et opérationnelle des Forces armées royales.

Et c’est dans cette même dynamique de réflexion et de production intellectuelle s’inscrit le Centre royal des études et recherches de défense (CRERD), structure relevant du CREMS et ouverte aussi bien aux officiers des FAR qu’aux responsables civils.

Le Centre se donne pour vocation d’aborder les problématiques de défense et de sécurité dans leur globalité, en privilégiant une pédagogie fondée sur les conférences, les échanges, la recherche, les productions intellectuelles et les exercices de mise en situation. Les travaux menés au sein du CRERD s’articulent autour des dimensions internationales et régionales des questions de sécurité et de défense, tout en intégrant les enjeux propres à l’environnement opérationnel national.

Le CRERD a pour missions principales de contribuer à la réflexion stratégique sur les questions de défense et de sécurité, de participer à l’élaboration des concepts de défense et des doctrines interarmées, en s’appuyant sur les retours d’expérience et les travaux de prospective et de conduire des études approfondies sur des thématiques d’intérêt pour les FAR, notamment en matière d’évolution des capacités militaires.

Pour mener à bien ces missions, le Centre est structuré autour de trois départements complémentaires: le département prospectives et défense, le département environnement des stratégies et le département recherche et études doctorales. À cette organisation s’ajoute le recours à des ateliers d’excellence, mobilisés ponctuellement autour de travaux de recherche ciblés, renforçant ainsi le rôle du CRERD comme espace de convergence des compétences analytiques civiles et militaires au service de la réflexion stratégique nationale.

Un rayonnement international chiffré

Depuis la création de l’École d’état-major en 1964, le CREMS a contribué à la formation de 4.760 officiers, dont 3.655 ont suivi le cours état-major et 1.105 le cours supérieur de défense.

Parmi cet effectif global figurent de nombreux officiers issus de pays frères et amis. À ce titre, le nombre total d’officiers étrangers formés s’élève à 1.010, représentant 40 nationalités. Ces lauréats se répartissent entre 637 officiers diplômés du cours état-major et 373 officiers diplômés du cours supérieur de défense, confirmant le rôle du CREMS comme un pôle régional de référence en matière de formation militaire supérieure et de coopération internationale.

Ce qui fait la force du CREMS, ce sont les intervenants. Des conférences, séminaires, travaux pratiques animés par un panel impressionnant: officiers cadres du Collège, experts de l’état-major général des FAR, professeurs d’universités marocaines et étrangères, représentants de ministères, grandes entreprises nationales, coopérants internationaux. Une diversité qui enrichit la formation et lui donne une réelle ouverture sur les réalités stratégiques, institutionnelles et économiques.

Par Hajar Kharroubi
Le 21/12/2025 à 15h00